GUIDE PRATIQUE DE L 'HYPERACTIVITE DANS L' HEXAGONE


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Cette page est faite pour donner des repères à tous les parents qui souhaitent connaître la cause des difficultés de leur enfant. Les parents qui sont parvenus à mettre un nom sur le trouble de comportement de leur enfant font tous le même constat. En s'autorisant à critiquer les avis qui ne leur paraissaient pas clairs parce que ne correspondant pas à la personnalité et au tempérament de leur enfant, ils ont fini par savoir ce qu'il avait. Cela suppose aussi qu'ils ont pu jeter un regard critique sur leur éducation. Il faut se faire confiance, savoir qu'on a des compétences, et qu'un professionnel quel que soit son niveau d'étude n'est pas forcé de tout savoir sur tout.

Vous connaissez votre enfant mieux que personne. Vous devriez donc être en mesure de répondre aux questions suivantes et de faire le tri dans tout ce qu'on vous dit. Ne vous laissez pas distraire par les propos qu'on tient sur votre enfant. Faites votre propre analyse et examinez ce qu'on vous dit au regard de la connaissance que vous avez de votre enfant. Ceci devrait vous permettre de choisir en toute connaissance de cause. Pour être efficace, il ne faut pas se dépêcher : faire une analyse objective cela prend du temps car il faut éviter de projeter sur l'enfant nos propres frustrations et désillusions. Il faut se forcer à prendre le maximum de recul. C'est difficile mais redoutablement efficace.


 

Les difficultés de comportement sont d'origines variées et c'est ce qui rend compliqué les réponses qu'on peut faire.

Pour vous aider à vous faire une idée de la nature des difficultés que vous rencontrez, posez-vous les questions suivantes: :


Quand un enfant a un comportement difficile, il faut l'analyser de la façon suivante : le comportement de l'enfant dépend de caractéristiques qui lui sont propres et de celles de son environnement. Par environnement, j'entends non seulement la famille mais aussi les cadres collectifs comme la crêche, l'école, les centres sportifs.

 

Ainsi un enfant peut poser des difficultés :

S'agissant des causes propres à l'enfant, celles-ci peuvent être neurologiques ou psychologiques.

Ainsi un enfant qui a connu un traumatisme psychologique dans son jeune âge peut développer des comportements inadaptés. Un enfant qui a reçu une éducation toxique aussi.

Mais un enfant peut avoir une particularité neurologique qui rend ses apprentissages sociaux difficiles. L'exemple type c'est l'hyperactivité ou plus exactement le déficit d'attention avec hyperactivité. Mais en général tout enfant qui a une particularité fonctionnelle parce qu'elle complique ses apprentissages sociaux et académiques peut être concerné. Car il faut intégrer une règle d'or : se socialiser, c'est se conformer à un modèle. Quand on est trop éloigné du modèle socialement admis, on est en butte au rejet et à de la maltraitance psychologique. La maltraitance psychologique rencontrée fréquemment en milieu scolaire est "le jugement de valeur". Il fait des dégâts impressionnants que les principaux acteurs sont bien loin d'imaginer.

 

Si les parents donnent aux enfants les bases du comportement social c'est à dire les éduquent, la socialisation proprement dite se fait en dehors de la famille. Et n'en déplaise aux enseignants, ils ont un rôle non négligeable en la matière notamment dès que l'enfant est particulier et donc coure le risque d'être mal supporté par ses camarades de classe.


Face à ces multiples causes de dégradation du comportement d'un enfant, il y a aujourd'hui en France deux types d'approches. L'approche psychologique, celle que privilégient les psychiatres et psychologues et l'approche fonctionnelle, celles des neurologues.

 

Les parents dont l'enfant est résistant à l'éducation qu'ils lui donnent, est d'abord un enfant mal élevé pour les professionnels consultés. Lorsqu'ils ne peuvent analyser les causes de ce comportement, ils se demandent quel conflit caché l'enfant est en train de régler.

En cas de TDAH par exemple, on constate que l'enfant connaît la règle mais ne la respecte pas.


A ce stade deux écoles s'affrontent :


Bien entendu, le déficit fonctionnel peut être aggravé par une éducation inadaptée et par les réactions des enseignants en milieu scolaire qui finissent par en faire la "tête de turc" de la classe.


Un enfant qui pose problème à tout le monde en toutes circonstances peut avoir un problème fonctionnel et il faut consulter. Mais pas n'importe qui. Car pour faire un bon diagnostic, il faut que le praticien intègre au même niveau les différents facteurs de troubles de comportement.

En clair, le psychiatre devra être capable d'envisager l'existence d'un dysfonctionnement neurologique et le neurologue devra prendre en compte la part psychologique du comportement inadapté.


Aussi bizarre que cela paraisse, ces professionnels sont une denrée rare. Etre psychiatre ou neurologue ne suffit pas. Seuls quelques spécialistes posent de bons diagnostics.


Au jour d'aujourd'hui, les structures vers lesquelles les enfants à problème sont orientés sont majoritairement incapables de poser un diagnostic. Pire pour nombre de psychiatres psychanalystes l'approche neurologique ne se justifie pas. On va donc suivre en thérapie un enfant pendant des années sans la moindre amélioration.


Ne vous fiez pas à la qualification du professionnel, ce n'est pas parce que vous avez affaire à un psychiatre ou à un neurologue qu'il est forcément dans le vrai.


Les parents d'aujourd'hui doivent se faire confiance. Vous connaissez votre enfant mieux que quiconque. Analysez le comportement de votre enfant depuis sa naissance. Et de façon schématique dites vous une chose :


Les enfants hyperactifs (TDAH) ne peuvent profiter de l'éducation de leur parents et se rendent insupportables en milieu collectif à cause de leur déficit d'attention. L'attention est une fonction essentielle : sans elle les comportements sociaux ne peuvent être intégrés dès le plus jeune âge car l'enfant ne tire aucun profit de ses expériences.

Ainsi un enfant qui se fait réprimander pour un comportement inadapté va « retenir la leçon » et ne le fera plus pour éviter d'être à nouveau en difficulté. Mais il y aura problème si la punition n'est pas adaptée au comportement fautif.

L' enfant TDAH même correctement éduqué, recommencera la même erreur. Il se verra attribuer les qualificatifs d'enfant mal élevé dont les parents manquent d'autorité.

Cette opinion perdurera même si ceux qui critiquent, constatent que l'enfant ne se comporte pas mieux avec eux : ce sera la faute des parents et surtout de la mère dont on connaît la « faiblesse » vis à vis de ses enfants. Quoiqu'on en dise, la mentalité des professionnels n'a guère évolué : un enfant qui pose problème, c'est forcément la faute de la mère et accessoirement du père. En outre lorsqu'ils se rendent compte que l'enfant a comme on dit "un problème", le pire sera envisagé. Or il n'est pas besoin d'être atteint d'une maladie psychiatrique grave pour rencontrer des difficultés importantes. Un dysfonctionnement léger peut perturber sérieusement la vie de l'intéressé par ailleurs parfaitement équilibré psychiatriquement. Il suffit d'avoir une légère particularité invisible aux yeux des autres pour rencontrer des difficultés sociales importantes. Notre société évoluée parle d'autant plus de respect de la différence qu'elle est extrêmement conformiste et donc particulièrement intolérante pour ceux qui ont une particularité. Ce formatage est quoi qu'on en pense de plus en plus accentué.

Toujours pour le TDAH, il y a quelques années nombre de psychiatres niaient l'existence de ce dysfonctionnement neurologique. Aujourd'hui ils n'osent plus dire cette énormité. Mais par contre, ils n'ont pas forcément une connaissance suffisante de cette pathologie pour s'en occuper correctement. Surtout, ils continuent à travailler de façon privilégiée le domaine psychologique alors que pour éduquer correctement ces enfants, il faut impérativement tenir compte de leur particularité neurologique. Nos aptitudes et incapacités ont une influence sur notre comportement. Il en est de même de nos goûts : nous aimons faire ce qui est facile pour nous. Un lecteur a forcément des facilités pour la lecture et prend plaisir à dévorer des ouvrages. Quelqu'un qui n'aime pas les livres a peut-être manqué de sensibilisation culturelle mais a peut-être aussi des difficultés fonctionnelles comme la dyslexie.

Il faut aussi savoir que les enfants réagissent non seulement aux attitudes inadaptées qu'on a à leur égard mais qu'ils sont aussi très réceptifs à l'état psychologique de leur parents.

Un parent doit :

- observer son enfant pour apprendre à le connaître et adapter son attitude au caractère de son enfant.

- faire taire ses sentiments personnels quand il pose des règles d'éducation et quand il sanctionne.

- garder de la distance et ne pas oublier que le monde des enfants et celui des adultes doivent rester séparés . Cela signifie : ne pas associer son enfant à ses préoccupations personnelles; ne pas entrer en compétition avec son enfant, ne pas copiner. Les copains, on en change quand ils ne conviennent pas. Les parents seront là que cela aille bien ou mal... une relation unique qu'il ne faut surtout pas galvauder.

- éviter comme la peste les jugements de valeur comme tu es méchant, tu es bête, tu n'es pas gentil etc

- prévenir avant de punir en donnant ainsi la possibilité à l'enfant d'éviter la sanction

- expliquer en quoi le comportement est répréhensible en se plaçant du côté de l'intérêt de l'enfant ou d'autrui. Ex si tu racontes des histoires, plus personne ne te croira. Ne te moque pas, tu n'aimerais pas qu'on en fasse autant avec toi.

- fixer clairement les limites à ne pas dépasser. Il faut placer la barre en fonction de l'âge et des capacités de l'enfant. Il n'y a donc pas une Education mais des éducations qui tiennent compte de la personnalité des parents comme de celle des enfants. Un parent peut être "libéral" sans être laxiste et savoir obtenir le respect de règles de vie indispensables. Il y a des parents qui ont tendance à être stricts, ils sont tout aussi efficaces dès lors qu'ils respectent la personnalité de l'enfant et savent lui préserver un espace de liberté dans lequel il aura droit de penser différemment ou d'avoir des goûts différents. Le cadre fixé n'est pas que le reflet des conceptions de vie des parents, il peut être aussi fonction des capacités de l'enfant à être autonome. En la matière tous les enfants sont différents.

- respecter la personnalité de l'enfant, ne pas lui imposer des choix qu'on regrette de ne pas avoir fait

-ne pas avoir peur de reconnaître qu'il a fait une erreur d'appréciation. Un bon moyen de se préparer à la crise constestataire de l'adolescence.

- savoir que son rôle va changer au fur et à mesure que l'enfant grandit et que ce dernier sera de moins en moins prêt à accepter une autorité qui s'est construite sur la force. Ainsi il est aisé de prendre un jeune enfant sous le bras quand il ne veut pas obtempérer. Il ne pourra pas ou ne voudra pas contester cette autorité mais à l'adolescence il le fera d'autant plus violemment que son éducation ne l'aura pas préparé à un mode de relation basé sur la parole et surtout sur le respect de ce que vous représentez et de ce que vous lui apportez. Ne passez pas votre temps à lui dire "regarde ce que j'ai fait pour toi" (c'est votre responsabilité de parent de vous en occuper correctement, ce n'est pas "son problème") mais dites lui plus tôt : regarde les avantages que tu as. Mais cela ne fonctionnera qu'à une condition : qu'il ait intégré dès son plus jeune âge le fait qu'il ne suffit pas de vouloir quelque chose pour l'obtenir.

Car le propre des enfants difficiles, c'est qu'ils ne supportent pas la frustration. Or grandir harmonieusement c'est supporter de s'entendre dire "non" sans piquer une crise. Les enfants à problèmes ne supportent pas qu'on leur refuse quelque chose. Quand on y réfléchit, réalise-t-on le nombre de "non" implicites que nous avons intégré ?

N'y arrivent pas ceux qui n'ont pas été habitués dès leur plus jeune âge à s'entendre refuser quelque chose comme ceux qui ont une incapacité physiologique à s'inscrire dans le temps. Quand hier et demain ne comptent pas, quand on ne sait pas utiliser les voies socialement admises pour obtenir ce que l'on veut, et quand on ne sait pas renoncer à ce qui est impossible à obtenir, on a toutes les caractéristiques d'un enfant difficile à gérer. Dans ce groupe d'enfants difficiles, on trouve aussi bien des enfants qui n'ont pas été éduqués correctement que des enfants qui n'ont pas les outils neurologiques pour gérer ces contraintes.

Se socialiser n'est rien d'autre qu'accepter nombre de contraintes que l'on finit par intégrer en "oubliant" qu'au départ nous avons dû supporter la frustration. On a conservé son calme quand on n'a pas eu ce qu'on voulait sans doute d'abord parce qu'on voulait éviter les réprimandes puis l'âge venant parce qu'on a été en mesure de donner des priorités à nos désirs. On a ainsi progressivement éliminé l'accessoire pour ne se préoccuper que de ce qui est important et même dans ce cas on a appris à ne pas utiliser n'importe quelle méthode pour arriver à ses fins. Le cadre qui nous prépare à cette compétence est donnée par l'éducation qu'on reçoit. Mais cette dernière n'est pas toute puissante. Il ne suffit pas d'éduquer correctement un enfant pour qu'il se comporte normalement.

Si votre enfant est difficile, commencez par ne pas vous culpabiliser même si vous avez commis des erreurs : tout le monde en fait ! Ecoutez ce que vous disent les spécialistes mais .... gardez toujours votre libre arbitre et ne confiez pas aveuglément le sort de votre enfant aux professionnels. Autant que vous le sachiez, si éduquer est difficile et si malheureusement certains parents sont maltraitants, il est un fait indéniable : ceux qui ont le plus de chances d'aider leurs enfants restent statistiquement les parents. Ils sont les mieux placés. Dommage qu'on leur ait donné à croire depuis 30 ans qu'ils ne pourraient pas s'en sortir sans le conseil de spécialistes. Des générations d'enfants ont grandi harmonieusement avec un ou deux parents attentifs et qui comme "monsieur jourdain" faisaient de la psychologie sans le savoir.

Il est faux de croire que par le passé tous les parents avaient une vision autoritariste de l'éducation. Mais éduquer était alors plus facile car il y avait moins d'exigence pesant sur les parents et surtout l'environnement social était soutenant. Un enfant qui faisait une sottise hors la vue de ses parents pouvait être repris par l'adulte qui en était témoin. Aujourd'hui plus personne n'intervient ou si on le fait c'est pour s'attaquer au parent qui n'est pas capable d'éduquer son enfant. Tous les adultes en contact avec les jeunes devraient relayer l'action des parents au lieu de se défausser sur eux des difficultés qu'ils rencontrent. C'est le produit de notre belle société individualiste.

Tous les parents ne sont pas démissionnaires. Ceux qui sont mobilisés constatent qu'ils ne reçoivent aucune aide mais surtout des critiques quand ils ont un enfant difficile à gérer. Plus le bambin est bruyant et plus vous serez considéré comme des gêneurs responsables de la perturbation. Quoique vous fassiez vous serez critiqué : parce que laxiste si vous n'agissez pas parce que maltraitant si vous empêchez l'enfant de n'en faire qu'à sa tête.

Carla

janvier 2007