Guide pratique de l'hyperactivité dans l'hexagone - Expériences /témoignages

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Melissa, maman d'Alexis

En début d’année scolaire, je suis allée expliquer à la maîtresse de CE2 les difficultés d’Alexis.

J’ai fait cette démarche non pas seulement dans l’intérêt de mon fils mais aussi dans le but de protéger l’enseignante parce que cet été j’avais rencontré l’institutrice de CE1 et nous avions parlé chaleureusement et les larmes aux yeux, elle m’a dit qu’il lui semblait n’avoir pas su aider Alexis.

Elle m’a beaucoup émue et j’ai démenti parce que c’est une maîtresse attentive et je sais qu’elle lui a beaucoup apporté (entre autre l’activité jardinage où elle a su le capter et reconnaître sa sensibilité)

Elle m’a avoué alors, comme une faute, qu’elle n’avait pas tant bien fait que l’enseignante de CP qui avait annoncé tout heureuse à ses collègues l’année précédente " j’ai réussi, il sait lire ! "

C’est vrai que cette maîtresse avait un plus (la directrice de l’école maternelle l’avait justement choisie pour cette aptitude à s’occuper d’enfants plus différents que les autres)

Elle avait compris qu’Alexis avait besoin de consignes particulières, qu’il était incapable d’écoute lors de consignes collectives et comme elle n’avait pas toujours le temps de ne s’adresser qu’à lui, elle le gardait en particulier pendant la récréation et le soir jusqu’à 15 minutes après la fin de la classe. Ce n’était pas toujours facile et une fois même, elle l’a giflé. Son geste je l’ai compris et je l’ai rassurée en lui disant qu’il m’arrivait aussi de craquer. Jamais je n’aurai pu lui reprocher quoi que ce soit ! Elle était exceptionnelle.

Ce que cette maîtresse a fait pour Alexis, je sais que c’est une chance inouïe, et je n’oublierai jamais. Je ne demanderai jamais à une enseignante d’en faire autant, je sais bien que ce n’est pas possible. Je ne voulais surtout pas qu’une autre enseignante culpabilise (comme celle de CE1) de ne pouvoir apporter autant d’attention.

J’ai donc rencontré l’enseignante de CE2 en début d’année mais elle ne m’écoutait pas. Visiblement, elle pensait que je surprotégeais mon enfant, c’était un enfant à visser. Elle était déjà entrée en conflit avec lui.

Quelque temps plus tard, elle a craqué et m’a convoquée, cette fois elle demandait de l’aide. La méthode forte avait échoué.

A ma demande, fin octobre, elle a écrit au pédopsychiatre pour expliquer les problèmes qu’elle rencontrait et je l’ai remerciée de l’avoir fait.

A la lecture de son courrier, le médecin m’a donné les jours et horaires où la maîtresse pouvait le contacter, il souhaitait lui parler.

A deux reprises, à la demande du pédopsy, je lui ai écrit sur le cahier de correspondance la ligne directe et les horaires mais elle ne l’a pas fait.

Je n’ai plus insisté (elle m’avait dit un samedi que je voyais le directeur qu’elle avait oublié mais j’avais compris que c’était difficile pour elle)

Nous avons été ensuite convoqués mon mari, Alexis et moi par le médecin scolaire. C’est l’enseignante qui en avait fait la demande dans le but de constituer un dossier pour un changement de structure. Nous avons eu le soutien du médecin scolaire qui a jugé Alexis hypersensible et s’est engagé à servir de médiateur entre nous et l’enseignante. Il n’était pas question de le sortir du système scolaire classique.

Puis est arrivée cette mémorable semaine de février où j’ai découvert le site de Pascale et c’était merveilleux parce qu’enfin je n’étais plus seule et parce qu’enfin je commençais à comprendre les troubles de mon enfant. C’était une semaine d’émotion.

J’ai informé le pédopsy de mes découvertes et de ma conviction, il a d’abord été à l’écoute bien qu’il ne reconnaisse pas le trouble de déficit d’attention comme un trouble neurobiologique et puis finalement ne voyait pas l’intérêt d’un diagnostic puisque les résultats des tests psychologiques confirmaient qu’Alexis était un enfant intelligent ( j’ai ainsi eu la preuve qu’il ne maîtrisait pas le sujet)

J’ai, bien sûr, pris RV avec la maîtresse, pour l’informer, lui donner de la documentation, lui demander son avis. Elle a fixé le RV mais n’est pas venue me chercher au portail de l’école comme il est d’usage. Elle n’est même pas descendue ce jour de la classe pour accompagner ses élèves dans la cour !

J’ai hésité parce que je n’aime pas m’imposer mais j’avais demandé à quitter plus tôt spécialement pour cette rencontre, alors j’ai demandé l’autorisation au directeur de monter dans la classe.

J’ai frappé à la porte, elle corrigeait des cahiers. Je lui ai dit avoir demandé la permission de monter puisqu’elle semblait m’avoir oubliée et elle m’a répondu qu’elle ne m’avait pas oubliée mais qu’elle était trop fatiguée pour descendre ! J’aurais préféré qu’elle m’ait oubliée !!!

Moi qui me faisais une joie de la rencontrer parce que je pensais cette fois pouvoir l’aider ! J’avais oublié qu’elle avait mis Alexis à l’écart (au fond de la classe !) et aussi qu’elle n’avait jamais appelé le pédopsy…l’affaire était réglée pour elle.

Elle ne m’écoutait pas, elle corrigeait ses cahiers. C’était clair, je dérangeais.

Je lui ai donné la documentation à l’attention des enseignants, elle m’a répondu qu’elle n’avait pas le temps de lire, et alors je me suis révoltée " comme vous n’avez pas le temps non plus d’appeler le pédopsychiatre ! " " non, j’ai oublié, vous voudriez que je m’occupe de votre enfant comme si c’était le mien "

Alors, elle m’a fait mal parce que je n’exige jamais rien des autres, cet appel téléphonique c’est le médecin qui était demandeur, et je pense sincèrement qu’il l’aurait aidée à ne pas culpabiliser, ce n’était pas pour lui donner des leçons ! Moi-même j’ai dit au pédopsy qu’Alexis la faisait souffrir.

Et je ne me trompais pas.

Alors que j’ouvrais la porte pour sortir, elle m’a rattrapée et s’est mise à pleurer et à me parler. C’était très émouvant et j’ai pleuré avec elle. Elle avait choisi de travailler dans l’enseignement pour justement aider les enfants en difficulté et elle n’était pas capable, l’Education Nationale ne donne pas les moyens de le faire. C’était pour elle un échec.

Enfant, elle était considérée " cancre " et s’est retrouvée rapidement en classe d’adaptation. Elle n’a pas eu la chance que ses parents s’occupent d’elle. C’est adulte qu’elle a repris confiance, un test de QI lui a confirmé ses possibilités et bien qu’elle n’ait pas fait d’études, le fait d’être mère de 3 enfants lui a donné la possibilité d’entrer en formation à l’Education Nationale.

Ses cours sont parfaits, il me semble qu’elle a le souci de la perfection. Elle doit s’engager à fond dans ce qu’elle entreprend et quand elle ne peut pas, elle ne fait pas. Elle doit, à mon avis, fonctionner en TOUT ou RIEN.

Et elle pleurait parce qu’elle se comporte avec Alexis comme on se comportait avec elle…

Elle m’a même félicitée de me battre pour mon enfant et m’a encouragée à continuer.

Elle m’a confirmé qu’Alexis est capable, et que ce qu’il n’aura pas acquis cette année, il l’acquerra l’année prochaine.

2 mois après cet entretien, elle ma convoquée et m’a dit devant Alexis : " je m’oppose au passage en CM1, trouvez lui une structure adaptée sinon un redoublement, ce n’est pas qu’un problème de comportement, il ne comprend rien ! "

Pourquoi a t’elle agi ainsi? Pourquoi ??

Alors qu’Alexis est capable du meilleur comme du pire, pourquoi s’obstine t’elle à souligner les mauvaises notes plus que les meilleures ?

Pourquoi a t’elle refusé qu’Alexis prenne la feuille qu’il avait oubliée la veille (il oublie régulièrement ses affaires) pour qu’il puisse apprendre sa leçon à l’heure du midi avec son papa qui était de repos ? Chaque mauvaise note le rend malheureux, il était si contrarié d’avoir pensé, d’avoir osé demander et de recevoir ce refus.

J’ai depuis reçu réponse à mes interrogations, mes émotions m’empêchaient d’analyser la situation, et ma peine s’est maintenant apaisée.

***********

Ainsi que me l'a demandée Mélissa, je donne ci-dessous mon analyse : bien entendu rien ne m'assure que je suis dans le vrai. Je n'ai qu'une certitude et je ne suis pas la seule à l'exprimer, on la trouve sur tous les sites spécialisés : en règle générale, un enfant hyperactif non traité dans une classe est éreintant pour l'enseignant.

Lorsqu'on a autorité sur les autres, la première condition à remplir pour être un bon responsable ou un bon enseignant, c'est de bien se connaître. Il faut savoir ce que l'on est et pourquoi on agit. L'orthophoniste de mon fils dit que toute personne qui fait un métier ayant un rapport avec des enfants et leur permettant d'avoir autorité sur eux devrait avoir fait une analyse. Toutes les deux, nous disons la même chose avec des mots différents.

Ceci signifie qu'il faut connaître nos forces et nos faiblesses, les affronter avec lucidité et donc savoir ce qui nous fait agir ou réagir. C'est essentiel lorque l'on travaille avec des enfants. C'est ce que d'autres personnes appelleront l'équilibre personnel.

De toute évidence, la maîtresse d'Alexis a eu des difficultés importantes dans son passé et Alexis a réactivé bien involontairement une blessure qui n'est absolument pas cicatrisée. Si elle l'était, elle aurait contrôlé ses réactions ce qu'elle n'a pas su faire. En fait, elle regrette d'avoir craqué. Et elle doit probablement se "repentir" d'avoir écrit au pédopsychiatre en y mettant trop de sa personne. Elle s'est découverte et donc "mise en danger". Résultat, elle se bloque (moyen de défense) et campe sur des positions très dures pour Alexis mais qui lui permettent de "tenir debout".

La maîtresse d'Alexis se sent en position d'échec et se croit incapable au fond de faire évoluer sa pratique, elle se réfugie derrière une attitude formelle et rigide. Elle préfèrera lui nuire plutôt que de reconnaître devant ses collègues et le directeur qu'elle a échoué.

L'excuse de la maîtresse, c'est qu'un enfant hyperactif, est particulièrement fatigant. Il a probablement usé toutes ses capacités de patience et d'écoute.

 

 

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