GUIDE PRATIQUE DE L'HYPERACTIVITE DANS L'HEXAGONE.

 

Effets indésirables, contre-indications à la prescription : que faut-il en penser ?

 

**Quand on constate une augmentation de l'agitation voire de l'agressivité, il faut s'interroger sur la validité du diagnostic.

Il est ainsi des cas d'enfants autistes "hyperactifs" qui voient le comportement hyperactif s'accentuer avec la prise du traitement. Cet effet indésirable figure dans la notice du médicament mais il faudra s'interroger sur cette "intolérance" et envisager une remise en cause du diagnostic. Il ne faut pas oublier que c'est l'effet recherché par ceux qui l'utilisent en dehors de toute indication médicale : ils veulent obtenir artificiellement manque de sommeil et suractivité (par exemple en période d'examen). S'ils parviennent à ce résultat, c'est parce qu'ils ne sont pas hyperactifs. Chez les TDA/H, il a un effet "calmant" qualifié de paradoxal. Le paradoxe n'existe qu'en apparence, le médicament permettant de ralentir l' activité cérébrale excessive et désordonnée.

 

** Quand le traitement s'accompagne d'une grande fatigue, il faut s'interroger sur les conditions qui président à la prise du médicament.

L'effet indésirable le plus fréquent est la baisse de l'appêtit. Quand l'enfant mange habituellement peu, ce n'est pas sans conséquence. Ainsi lorsque les prises se succèdent avant que la première ait cessé de produire son effet, le jeûne devient inévitable. L'enfant ne mangera strictement rien au cours de la journée. Sous alimenté, l'enfant se sentira extrêmement fatigué. Cette fatigue sera accentuée s'il fait partie de ceux qui ne s'alimentent pas au petit-déjeuner. Laisser à la première prise le temps de ne plus faire effet est donc la seule solution. Pour éviter de lui couper l'appêtit, il vaudra mieux qu'il prenne la deuxième après le repas. Faire "ramadan" n'est pas une solution pour l'enfant hyperactif. Mais on aura compris qu'en collectivité, la préoccupation principale est d'éviter les difficultés de gestion d'un hyperactif non traité.

 

** l'intolérance psychologique peut aussi se manifester aussi par une grande fatigue et des manifestations physiologiques quand elle ne se contente pas du refus de prendre le traitement

Nombre de psy ne tiennent pas compte dans leur thérapie des implications du trouble neurologique. Certains persistent à rechercher dans l'histoire familiale l'unique cause des troubles psychologiques de l'enfant. Même s'ils ne le disent pas expressément à l'enfant, le message est parfaitement reçu. Tant et si bien que l'enfant se met à douter de ses parents et de la nécessité du traitement.

L'attitude des parents est elle aussi déterminante. Se sentir coupable de donner le traitement à l'enfant est une cause majeure de l'abandon du traitement par celui-ci. Présenter le traitement comme un moyen d'avoir la paix et non pas comme un outil utile à ses apprentissages sociaux et académiques risque de conduire à son rejet. L'adolescence est l'âge où on s'oppose aux parents et à leurs conseils. Si le jeune analyse le traitement comme le symbole de l'autorité des adultes, il y a fort à parier qu'il l'abandonnera.

 

**Le jeûne associé à un conditionnement psychologique défavorable est à envisager notamment quand l'enfant est dans une structure d'internat. La traduction en est une grande fatigabilité qui a toute l'apparence d'être imputable au traitement

Ces deux facteurs sont rarement pris pour ce qu'ils sont : des erreurs manifestes de prise en charge. Le jeûne accompagné d'une dépréciation du thérapeute voire d'une culpabilité des parents conduira l'enfant à dire que le médicament le fatigue et aux adultes d'envisager l'arrêt de la prescription.

 

**la dépression. A ce propos, il convient de faire une distinction :

Il n'est pas rare que les difficultés rencontrées par les hyperactifs favorisent le développement d'un état dépressif chez ceux qui y sont prédisposés. Si l'état dépressif fait partie des effets indésirables listés sur la notice du médicament, il est important de ne pas faire de confusion. Souvent, ce n'est pas la ritaline qui est à l'origine de la dépression, mais le TDA/H qui favorise son développement. Malheureusement, il arrive que le psychiatre décide d'arrêter la ritaline au profit des antidépresseurs. Quelques mois voire quelques années plus tard, on réalise qu'il n'y a eu aucune amélioration mais que les conséquences péjoratives de l'hyperactivité se sont accentuées ce qui est la preuve d'une mauvaise prise en charge. La logique aurait voulu que le praticien modifie le dosage du traitement car son augmentation permet de limiter de façon significative les manifestations dépressives.

La mise sur le marché des formes retard du médicament à savoir, ritaline LP et concerta m'oblige à nuancer le propos précédent. Mon fils ainsi que certains enfants ne supportent pas concerta car il favorise un état dépressif. Dans ces cas, le spécialiste prescrit l'autre médicament retard à savoir ritaline LP. La préférence à prescrire concerta initialement se comprend dans la mesure où sa durée d'effet est très sensiblement plus longue que Ritaline LP. Ces cas d'échec au concerta sont minoritaires mais effectifs. La littérature médicale finira certainement par le signaler. Au moment où j'écris ces lignes, il n'y a que 2 ans que les formes retard ont obtenu l'AMM (autorisation de mise sur le marché).

 

**les tics figurent aussi sur la liste des effets indésirables et conduisaient au départ les médecins à s'abtenir de prescrire. Désormais cette contre-indication absolue est levée. Dans ce cas comme dans le précédent tout est question de suivi et d'adaptation du dosage. Mais il est clair que le traitement devient alors plus délicat à mettre en place. De façon générale, la nécessité de traiter un autre dysfonctionnement d'origine neurologique vient compliquer la prescription.

 

 

 

 

Accueil Se documenter info dernière petite bibliothèque dispositif français orientation difficultés associées votre rubrique