Guide pratique de l'hyperactivité dans l'hexagone


L'autre médication : le risperdal

 

Je constate que certains médecins prescrivent du risperdal aux enfants hyperactifs. Or, toute la communauté médicale n'est pas en accord aujourd'hui sur cette prescription. Même mieux toléré que les précédents, le risperdal reste un neuroleptique et on le constatera sur ce site suisse (http://www.kompendium.ch/data/fi_f/fk04860_.htm ), l'hyperactivité en tant que telle n'est pas l'indication de ce médicament. Le mot même d'hyperactivité n'est pas cité. Voici exactement ce qui est dit sur l'usage de ce médicament à côté de son indication principale, la schizophrénie :

"Dans le traitement symptomatique des troubles de la sociabilité, du comportement lié à des réactions d'opposition ou d'autre comportement socialement dérangeant chez l'enfant, l'adolescent ou l'adulte ayant une capacité intellectuelle en dessous de la moyenne ou un retard mental, et qui montrent un comportement destructeur comme agressivité, impulsivité et automutilation."

Voilà des troubles du comportement qui se rencontrent chez les thada mais qu'en est-il de la compensation du déficit attentionnel qui est au centre de ce déficit neurologique ? Je ne le lis nulle part. D'ailleurs le thada s'accompagne d'une intelligence normale et le retard mental n'en n'est pas la caractéristique. Sauf erreur de ma part, ce traitement est essentiellement prescrit par des pédopsychiatres. Et il a un énorme "avantage" : il n'exige pas de consultation hospitalière annuelle.....

Vous constaterez aussi à la lecture que peu d'études sur l'enfant existent à ce jour (ce qui n'est pas le cas, loin de là du méthyphénidate)

Ce n'est donc pas le traitement à prescrire en première intention. En attendant que le concerta soit distribué en France (en principe en 2004), la ritaline reste le seul médicament dont l'indication principale est le traitement de l'hyperactivité. Il ne faut pas oublier que ce traitement agit sur l'attention qui est à l'origine du thada. Rien de tel n'est signalé pour le risperdal. Que faut-il penser de ces hyperactifs à qui le risperdal réussit ? J'exprime ici toute ma perplexité et mes doutes alors que je n'en n'ai aucun pour le méthylphénidate. Et autant je comprends que le risperdal puisse être une solution alternative en cas d'échec de la ritaline autant je suis réservée pour sa prescription en première intention. C'est somme toute trop facile : pas de consultation hospitalière, pas de délai d'attente, une facilité qui me fait craindre un recours trop facile aux neuroleptiques quand on sait que curieusement aucun d'entre eux ne fait l'objet de la même campagne de dénigrement mensongère que la ritaline.

Tout parent qui recevra une prescription de risperdal pour son enfant devra donc s'enquérir des motifs du choix du thérapeute. C'est un médicament qui n'est pas anodin et la prescription d'un psychotrope quel qu'il soit chez un enfant doit toujours s'envisager en cas d'absolue nécessité. Comme beaucoup de neuroleptiques, il peut s'accompagner d'une prise de poids qui n'est pas à négliger. Il peut avoir un autre défaut : l'accoutumance qui oblige à augmentation des doses pour qu'il conserve son efficacité. La ritaline n'a pas cet inconvénient et une fois trouvé le dosage optimal, seule la croissance pondérale nécessitera une augmentation des quantités prescrites.

Cependant je comprends que le risperdal soit prescrit là où la ritaline n'a pas fonctionné et d'ailleurs l'évolution des sciences nous apprendra peut-être un jour que cette forme d'hyperactivité résitante à la ritaline ne met pas en cause le même dysfonctionnement biochimique.

En tout état de cause, il faudra toujours vous interroger : qu'il soit prescrit pour traiter des troubles associés qui paraissent plus invalidants que le thada ou en complément de la ritaline afin d'assurer le relais de ce médicament le soir et assurer une nuit plus calme, il reste que ces deux médicaments répondent a priori à des indications très différentes.

Enfin, si le risperdal est prescrit afin de préparer des nuits plus calmes*, il faudra vous interroger sur le rapport coût / avantage. Mon fils a eu des nuits agitées pendant la première moitié de son enfance sans que je n'envisage le recours à une aide chimique. Ma solution a été de lui acheter un grand lit et de me coucher avec lui en attendant qu'il s'endorme. Puis cet objectif atteint, je quittais la chambre. Naturellement, j'y ai sacrifié mes soirées. Mais je sais qu'au moins, il n'aura pas pris l'habitude de prendre un médicament pour s'endormir. C'est un risque que je ne voulais pas courir. Bien entendu, si j'ai agi ainsi c'est que le contexte familial me le permettait.

*attention, je ne dis pas qu'il est utilisé comme somnifère. Simplement qu'en réduisant l'agitation importante dont souffrent les hyperactifs en fin de journée, il crée les conditions pour une nuit de meilleure qualité : c'est une évidence, une bonne nuit se prépare le jour. Plus il y a de stress moins on dort.

Quand la ritaline échoue, il y a deux solutions :

- soit l'enfant ne supporte pas le médicament.

Attention, ce n'est peut-être pas une fatalité. Outre le dosage, certaines intolérances s'expliquent par les conditions de prise du médicament. Ces conditions comprennent des facteurs psychologiques et chronologiques.

*Ainsi une psychothérapie inadaptée peut entraîner chez l'enfant un rejet inconscient de la prise du médicament. C'est particulièrement vrai quand ce dernier reçoit le message que ses parents sont responsables des difficultés. Le psy qui refuse de prendre en compte la composante neurologique du trouble va transmettre implicitement ce message qui sera parfaitement reçu.

Pour les mêmes raisons , il faut aussi que les parents ne se sentent pas coupables de donner le médicament à leur enfant. Lorsque le traitement est abordé sans culpabilité par les proches, il y a moins de risque qu'il soit abandonné. Le neurologue de mon fils impose aux parents un temps de réflexion avant de prescrire. Car la réussite du traitement dépend aussi de leur détermination. Il ne faut pas qu'ils soient déstabilisés par les remarques de l'entourage ou par l'attitude hostile de certains media. Considérer dès l'origine le traitement comme la marque d'un échec, fait le lit de son rejet.

*L'heure de la prise est aussi essentielle. Il est important que le repas puisse se dérouler au moment où la prise du matin ne produit plus d'effet. La deuxième prise ne doit être effectuée qu'une fois le repas terminé. Le principal effet secondaire de la ritaline est la baisse d'appêtit. Or l'enfant qui ne s'alimente pas durant la journée risque fort de ressentir une fatigue qui sera mise sur le compte du traitement.

Le cumul de ces deux facteurs constitue une cause méconnue d'intolérance au traitement

- soit l'enfant n'est pas thada.

Il y a pourtant certains tests qui permettent de s'en assurer mais malheureusement en France, ils ne sont pas systématiquement pratiqués.

Carla

 


 

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