Guide pratique de l'hyperactivité dans l'Hexagone


Que penser de la pratique du sport chez les hyperactifs ?


Même s'il existe toujours l'exception qui confirme la règle, les sports d'équipe sont à déconseiller.

C'est d'une logique imparable quand on connaît les caractéristiques du déficit attentionnel. Dans un sport d'équipe l'attention est très mobilisée. Il faut constamment :

- suivre l'action sur le terrain et la position des joueurs.

- anticiper l'issue des échanges pour réagir en temps utile et de façon appropriée.

L'attention sélective très défaillante chez les hyperactifs constitue un obstacle important pour ce type de pratique.

Mon fils n'a pratiqué correctement qu'un seul sport d'équipe à 11 ans et quand j'aurais détaillé l'ensemble des conditions qui ont permis le succès de cette expérience, vous comprendrez aisément le rôle essentiel qu'a joué la monitrice.

Tous les joueurs connaissaient mon fils depuis des années car ils avaient tous à un moment ou à un autre, été en classe avec lui. La monitrice veilla à ne pas le mettre en situation d'échec le faisant participer au match pendant des temps brefs et répétés à un poste d'arrière (inutile de faire de lui un gardien de but). Pendant le temps de participation au jeu, il fit des passes correctes encouragé en cela par le capitaine de l'équipe. Mais j'ai constaté qu'il avait un temps de réponse trop long pour renvoyer la balle car il mettait plus longtemps que ses camarades à repérer la place des joueurs.

J'ai moi-même pratiqué le hand-ball quand j'étais jeune au poste d'arrière, j'ai donc pu comprendre ce qui lui manquait pour faire un bon joueur. Les sports d'équipe requièrent une appréciation rapide de la situation du terrain ce qui lui manquait même si sur le plan technique il jouait bien, étant suffisamment puissant pour faire des passes longues qui surprenaient les autres joueurs.

Son équipe a gagné, il était ravi d'avoir participé à cette réussite. Car à défaut d'avoir été déterminant dans le score, il avait au moins réussi à ne jamais la mettre en difficulté.

Un sport d'équipe exige une coordination des gestes et déplacements de chacun, une anticipation de ceux de l'adversaire. Le joueur doit intervenir au bon moment dans l'action ni trop tôt ni trop tard, ce qui signifie une gestion mentale élaborée qui fait défaut à notre thada. Il a déjà du mal à gérer ses propres gestes alors lui demander de tenir compte de ceux des autres relève d'une mission impossible.

On imagine aisément le rejet des autres joueurs qui vont vite le considérer comme inutile voire à l'origine de l'échec de l'équipe. Dans cette expérience, la monitrice avait choisi pour lui la seule place où il pouvait être productif et l'avait mis dans les conditions de ne pas disperser son attention puisque sur un laps de temps court, il lui était encore possible de la mobiliser. Mais contrairement à la plupart de ses camarades, il n'a pas fait la totalité du match.

On conseille donc à l'hyperactif la pratique de sports individuels dans la mesure où ceux-ci sont moins exigeants sur le plan social.

En tête de liste la natation. Dans l'absolu, voilà qui est original. C'est un des sports les plus difficiles sur le plan technique. Oui, mais c'est un des moins exigeants sur le plan du comportement car l'agitation passe plus facilement inapperçue dans l'eau. Dans une piscine, il est impératif pour nager d'avoir le corps en mouvement. Dans toutes les autres disciplines, on sera beaucoup plus exigeant pendant les pauses, l'enfant devant rester calme quand il n'est pas en action.

Cette faible exigence sociale fait de la natation la discipline idéale même si les défauts de coordination des mouvements dont il souffre souvent lui empêcheront d'acquérir rapidement les gestes techniques qui font le bon nageur.

L'équitation est très souvent recommandée. Mon fils l'a également pratiquée. Mais il faut impérativement prendre conscience que le déficit attentionnel est un facteur favorisant les chutes, lesquelles deviendront de plus en plus dangereuses au fur et à mesure de l'élèvation du niveau technique. Nul ne nie le rôle psychologique important joué par l'animal auprès des enfants. Dans le jeune âge, la pratique du poney peut être conseillée. Notre thada à défaut d'écouter les indications de la monitrice, pourra toujours s'appuyer sur la démonstration faite par celui qui le précède. Mais par la suite, il faudra impérativement qu'il soit capable d'anticiper les réactions de l'animal et je ne crois pas qu'un enfant ayant un déficit attentionnel conséquent en soit capable. Gare donc aux accidents... A défaut d'être bonne cavalière, je sais que pour ma part prévoir les réactions du cheval m'a permis de rester en selle là où d'autres ont malheureusement fait un vol plané.

Pour les sports, rien n'est simple car si le sport est un facteur de socialisation pour les enfants ordinaires, il ne peut jouer cette fonction avec notre thada qu'avec précaution.

Difficile de faire comprendre à la majorité des professionnels que l'énergie des thada ne trouve pas de solution dans la pratique sportive. Pratiquer un sport quel qu'il soit suppose des compétences sociales que le déficit attentionnel empêche l'hyperactif d'acquérir. Résultat, il se fait exclure et ses difficultés psychologiques s'aggravent.

Il est arrivé un moment où j'ai décidé qu'il ne ferait pas d'autre essai. Le seul sport qu'il a pu pratiquer en continu sans trop de difficulté, ce fut la natation.

Je considère qu'il vaut mieux attendre quelques années avant de passer à la pratique de sports plus exigeants sur le plan social mais néanmoins abordables pour un hyperactif. Ainsi en est-il des arts martiaux, du tennis etc. Pour les pratiquer, il faut que l'enfant à défaut d'être attentif arrive à rester tranquille pendant les pauses et ne perturbe pas le cours.

Mon fils avait 10 ans lorsque le professeur de gymnastique de son école, m'a proposée d'essayer le judo. Ainsi que je le lui ai dit, le karaté quelques années plus tôt s'était soldé par un échec.

Voilà deux ans qu'il pratique le judo et dans l'ensemble cela se passe bien. Les échanges au judo sont brefs, et il sera aisé de comprendre que le thada arrive en ce cas à mobiliser son attention pour peu que cela ne dure pas trop longtemps. Par contre, il doit être capable de rester tranquille sur le tatami et cela à mon avis n'est pas possible chez un enfant très jeune. Il faut bien entendu revoir cette analyse pour ceux qui n'ont pas ou peu d'hyperactivité.

J'ai pris les exemples que je connais le mieux pour illustrer en quoi le thada complique la pratique des sports. Mon fils a pratiqué tous les sports sans traitement. Lorsque par hasard il l'avait pris, la différence était nettement sensible, les gestes étant plus précis, la coordination des mouvements étant nettement améliorée.

Mais pour ceux qui envisageraient un jour la compétition, une chose est sûre, il faudra qu'ils s'en passent. La ritaline est strictement interdite par le Comité international olympique.

En conclusion, je dirais que dans le sport comme dans la scolarité, le rôle de l'enseignant est déterminant. Sachant que le sport est aussi exigeant que l'école sur les compétences sociales, il faut de préférence choisir les sports individuels.

 

Carla

 


 

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