Guide pratique de l'hyperactivité dans l'hexagone

La psychologie de l'hyperactif

 

Si le DSM IV donne les critères de diagnostic du thada, il n'est pas toujours aisé d'être sûr que notre enfant en est atteint. Je me souviens pour ma part les avoir lu et relu. Car de prime abord, je n'étais pas certaine que toutes les caractéristiques en soient réunies. J'ai été convaincue, lorsque je me suis placée en perspective : c'est à dire que je ne me suis pas contentée de vérifier que les caractéristiques de comportement étaient présentes le jour où je les lisais mais je me suis tournée en arrière et là aucun doute n'était plus permis ce que je repérais aujourd'hui était la caractéristique certes déjà atténuée mais toujours présente d'une attitude majeure les deux ou trois années antérieures.

Avec persévérance, je continue quotidiennement d'essayer de mettre en relation les fameux critères et la psychologie de mon bambin. Les caractéristiques psychologiques ne sont pas des critères de diagnotic pour le DSM IV. Ce sont pourtant avec elles que les parents devront compter. Et les psychothérapies devraient y travailler par priorité. Malheureusement je crains que beaucoup de thérapeuthes n'aient qu'une connaissance bien imparfaite des traits psychologiques des thada. A nous d'en discuter avec eux.

 

Bien sûr il m'est impossible d'aller plus loin que mon expérience personnelle, et il n'y aura de toutes façons pas deux tdah identiques. Mais certaines constantes sont remarquables et je vais les décrire ci-dessous.

 

Auparavant, je vais expliquer en quelques mots le rôle que joue la fonction attentionnelle dans la socialisation du jeune enfant. C'est en observant mon fils que j'ai compris le rôle déterminant du DA dans la mauvaise gestion des relations sociales par les thada.

L'enfant se socialise grâce à l'éducation des parents et en s'appuyant sur des expériences enrichissantes de vie en collectivité (crèche, maternelle). Cela suffit la plupart du temps. Cependant on ignore le plus souvent que pour se socialiser, il faut que les fonctions cérébrales concernées soient intactes. Il y a une fonction que personne n'évoque à ce stade de l'existence et qui est pourtant essentielle, c'est l'attention.

La perception que tout un chacun a de l'attention est généralement très partielle. On pense qu'un enfant inattentif le fait exprès : il est paresseux et n'aime pas le travail scolaire et préfère penser à autre chose. Sinon, il y a de "gros problèmes familiaux" qui le perturbent. Mais on est aussi inattentif parce que cette fonction du cerveau est défaillante. Je ne vais pas rentrer dans des explications techniques qui ne sont pas de mon ressort mais vous dire ce que j'ai compris rétrospectivement.

Le très jeune enfant a tout à apprendre. Lorsqu'il fait une bêtise, il est rappelé à l'ordre (un ordre social dont les conventions on le sait, peuvent varier d'une culture à l'autre). Si sa fonction attentionnelle est intacte, il utilisera cette expérience, dans une situation identique pour éviter de réitérer le comportement répréhensible. Et progressivement, il va se socialiser. Il en est de même dans ses relations avec les autres enfants, les réactions des autres enfants à son égard seront mémorisées et utilisées à bon escient le moment venu. Ainsi il intériorise complètement certains interdits et devient un être sociable. L'adulte ne réalise pas qu'il a "absorbé" certaines conventions dans le premier âge, qui deviennent ensuite partie intégrante de sa personnalité. Personne n'ose porter la main sur ses parents. Or, nous l'avons tous fait bébé. Et la réprimande qui a suivi, a rendu tabou un acte qui choque profondément lorsqu'il est commis à un âge avancé.

Vous vous demandez pourquoi il n'est pas capable de tirer profit de ses expériences alors qu'il jouit par ailleurs d'une excellente mémoire. Si la mémoire et l'attention sont intriquées dans tous les apprentissages qu'ils soient académiques ou sociaux, ces deux fonctions ne jouent pas le même rôle. Avec l'attention, il faut associer la capacité à planifier et à organiser son action. C'est ainsi que nous apprenons à contourner les obstacles pour parvenir à notre objectif. "Spontanément" nous nous empêchons d'agir car l'expérience nous a appris à connaître les actions inefficaces voire toxiques ou dangereuses. Ceci à condition de ne pas avoir de déficit attentionnel. Cette aptitude qui s'accompagne de la capacité à ne pas nous laisser guider par nos sentiments immédiats s'appelle le contrôle de soi. Le TDAH a un contrôle de soi limité et insuffisant. Lorsqu'un TDAH réagit, il le fait "au quart de tour" et cette attitude est très mal acceptée par l'environnement. Appelée impulsivité sous l'angle psychologique, elle se manifeste sur le plan scolaire par une difficulté à accomplir les tâches à caractère séquentiel. Le TDAH veut instinctivement parvenir de façon directe au résultat. Il considère comme une perte de temps ce qui est pourtant essentiel à la réussite.

Ceci explique pourquoi notre TDAH comprend ses erreurs car il connaît la règle. Le problème c'est qu'il ne peut organiser son action. Sur le plan scolaire, lorsque l'enfant est de surcroît dyslexique, il souffre d'un problème de mémoire de travail. Ainsi lorsqu'il lit, il est à peine arrivé à la fin de la phrase, qu'il a déjà oublié le début. On constatera qu'il "renacle" devant le travail scolaire sans comprendre qu'il n'a pas les mêmes facilités fonctionnelles que ses camarades. Dans ces conditions, il lui est difficile de tirer plaisir de la lecture. Il est essentiel que l'enfant connaisse la nature de ses difficultés mais qu'il lui soit rappelé en même temps qu'il est intelligent et qu'il y arrivera. Il faut beaucoup soutenir ces enfants sur le plan scolaire... car le traitement ne règlera pas à lui seul ces difficultés.

Ce qui est difficile à faire comprendre lorsque l'on parle à un parent non concerné, c'est que ce qui fait la différence avec ses enfants ce ne sont pas les caractéristiques du comportement, c'est le niveau d'intensité qu'elles atteignent. Bien évidemment notre enfant va faire exactement le même type de bêtises que les autres enfants mais dans des proportions et avec une persistance complètement démesurées. N'importe quel parent aura tendance à penser que vous exagérez et que somme toute ce n'est pas votre enfant qui est difficile, c'est vous qui ne savez pas vous en occuper. Sans parler des professionnels qui n'envisagent que des causes environnementales.

Certaines aptitudes attentionnelles ne sont pas effectives chez le très jeune enfant. Par contre elles vont se mettre progressivement en place alors que notre tdah n'évoluera pratiquement pas sur ce plan. Ceci explique pourquoi certains enfants font leur première année de maternelle voire plus sans être signalés. Lorque le décalage est trop net par rapport à leur classe d'âge, les difficultés surgissent. Il n'est pas au même niveau d'évolution, et sa différence pose problème. Il ne peut s'associer à certains jeux parce que sa concentration est insuffisante (car la concentration sert autant pour les activités ludiques que pour le travail même si elle est plus difficilement mobilisée dans ce dernier cas) et il n'a pas intégré les codes sociaux comme ses camarades, qui vont vite le trouver insupportable.

Ses relations avec les autres vont se faire sur un registre malsain. Notre tdah va vite comprendre qu'il n'attire l'attention des autres que lorsqu'il fait des bêtises d'où une tendance assez développée aux pitreries. Il n'aura pas conscience du fait qu'on se moque de lui la plupart du temps et que les camarades ayant repéré son caractère influençable vont s'amuser à le pousser à faire des bêtises. Notre thada voudra amener friandises, jouets pour les donner à ses camarades seul moyen qu'il aura trouvé pour attirer leur intérêt..

Un professionnel non averti ne verra que les difficultés relationnelles de l'enfant. Ses efforts desespérés pour se faire des camarades ne seront pas examinés avec objectivité. Pour être plus précis, les difficultés relationnelles avec les pairs peuvent avoir plusieurs causes, les causes fonctionnelles ne seront pas envisagées ou très rarement. Car nos psy en majorité n'ont pas compris le lien étroit qu'il y a entre l'aptitude à la socialisation et les capacités attentionnelles, les neurologues y seront plus sensibles mais ce n'est pas vers eux que l'on oriente en priorité les enfants ayant des troubles du comportement. On pensera d'abord à des problèmes psychologiques ou à des troubles psychiatriques pas à des déficiences fonctionnelles.

Lorsque notre tdah a une idée en tête il a tendance à essayer de la mettre en application sans tarder, sans s'occuper des répercussions qu'elle peut avoir sur son entourage comme d'ailleurs sur lui même.

Jeune un enfant a tendance à avoir peur de s'éloigner de ses parents et il s'inquiète rapidement quand il les perd de vue. C'est tout le contraire pour notre thada. Gare aux endroits très fréquentés : il disparaitra très vite à votre vue - d'autant plus qu'il court plus souvent qu'il ne marche - et se laissera porter par sa curiosité naturelle sans jamais s'occuper de savoir si vous êtes à proximité. Il met ses envies à exécution très rapidement et échappe au regard avant même d'avoir pu dire ouf. De façon différente, cette attitude se retrouvera quelques années plus tard. Et il ira vadrouiller parce qu'il lui plait de voir quelque chose ou de faire des rencontres variées.

Tel enfant de deux ans ira traverser le parking d'un hypermarché, traverser une route pour rejoindre la voiture de ses parents, ou tout simplement pour aller satisfaire sa curiosité. Au même âge, un autre enfant se mettra à sangloter parce qu'il vient de perdre ses parents, notre thada n'en n'a cure !

Et qu'on ne vienne pas dire qu'il arrive à tous les enfants de se perdre. Bien évidemment, cela arrive ! Sauf que cela a un aspect systématique chez le thada qu'il faut toujours surveiller comme l'huile sur le feu et qu'il manifeste rarement les mêmes craintes que les autres au même âge ce qui l'amène à parcourir seul et sans appréhension des distances parfois considérables. D'ailleurs, ce qui est caractéristique, c'est la difficulté de notre bambin à nous suivre dans nos déplacements et à calquer sa vitesse de déplacement sur la nôtre.Cela lui est la plupart du temps impossible. Il déteste le plus souvent donner la main ce qui conduit les parents soucieux de sécurité à lui mettre un harnais. Il folâtre devant ou derrière mais reste peu de temps à côté de vous.

Il se blesse de façon plus fréquente que les autres enfants car vitesse et précipitation constituent les caractéristiques fondamentales de son mode de déplacement. Très souvent nous avons affaire à un petit dur qui ne pleure pratiquement pas et qui ne se plaint pas plus. On s'extasie lorsque c'est un garçon en trouvant que c'est un comportement naturel. Sauf qu'il est reconnu que les parents de tdah vont statistiquement très fréquemment aux services des urgences des hôpitaux pour des accidents.

Là aussi, il conviendra d'être très vigilant et d'éviter les situations à risque. Car il est pratiquement impossible de l'empêcher de vadrouiller dans des endroits instables ou périlleux. Il n'a absolument aucune conscience du danger ! Mais alors aucune ! Si on complète le propos en disant qu'il a une fâcheuse tendance à ne pas regarder où il met les pieds, on aura une idée assez précise des risques qu'il peut courir. Evidemment cette attitude est d'autant plus marquée qu'il est jeune.

L'incapacité à se mettre à la place d'autrui. Certes le jeune enfant en est incapable mais cette aptitude se met en place progressivement au fur et à mesure qu'il grandit. C'est notamment cette aptitude qui favorise la socialisation de tout un chacun. Voilà une caractéristique qui risque de se retrouver à l'âge adulte à des degrés divers. Il lui est souvent impossible de se représenter ce que les autres aiment ou sont capables de faire. Ainsi ce qui est bon pour lui, sera bon pour vous. Il lui est difficile d'imaginer ce que peut être votre réaction par rapport à ses actes. Il sera stupéfait devant vos déductions car il lui est difficile d'imaginer votre démarche pour y parvenir. De même, il ne peut se représenter l'image que les autres ont de lui. L'adulte lui, passera pour un affreux égocentrique.

Mais votre thada est un affectif. Il veut tellement qu'on l'aime qu'il sera capable de faire le maximum pour y parvenir. D'où sa tendance aux pitreries lorsqu'il est enfant, mais aussi à l'âge adulte. Il recherche le contact physique car plus qu'un autre, il a besoin de se sentir aimé.

Dans les relations avec les autres, il est direct et ne s'embarrasse pas de préparatifs. Il entame sans préambule la discussion avec vous. Si vous n'êtes pas partant, ce n'est pas un problème, il passe rapidement à quelqu'un d'autre. Ceci explique sans doute le nomadisme sentimental de beaucoup d'entre eux. Ils se passionnent, se trompent et recommencent immédiatement avec quelqu'un d'autre. Enfant, il se sera imposé dans un groupe sans précaution , adressera la parole à n'importe qui dans la rue. Jusqu'à 2/3 ans cette attitude est admise, elle ne l'est plus après. D'où des difficultés relationnelles de plus en plus nettes. Au début de la maternelle et en crèche on relève essentiellement son caractère remuant mais 1 ou 2 ans plus tard, on vous dit qu'il pose un problème de comportement.

L'agressivité est notée généralement chez l'enfant hyperkinésique. Notre hyper fonctionne différemment. Il s'impose dans un groupe, a des attitudes voyantes et détonne, il se fait donc "jeter" verbalement voire même physiquement. Il réagit brutalement en envoyant coups de pieds et en se bagarrant. Dans la cour de récré, l'enseignant non averti ne verra qu'une chose, qu'il a battu le petit camarade. L'"adversaire" déjà socialisé, a déjà parfaitement compris qu'il y a des choses qu'il vaut mieux éviter de faire devant l'enseignant, il sait donc éviter de se faire remarquer. Le tdah ne calcule jamais sa réaction et réagit de façon immédiate et impulsive. S'il fait mal, c'est le drame. On commence à penser qu'on a affaire à un enfant dangereux. On ameute le banc et l'arrière-banc (psychologue, médecin scolaire...)

Et l'on commence à cumuler erreur sur erreur. A la maison, les parents soucieux de renforcer l'action des enseignants vont punir à leur tour notre thada. Bientôt, il vivra dans un sentiment d'incompréhension grandissant, deviendra de plus en plus agressif et proprement ingérable. Les parents sous pression vont se montrer encore plus sévères qu'ils ne l'auraient été dans d'autres circonstances. En accumulant les punitions, vécues de surcroît comme injustes par l'interéssé, on renforce le fameux comportement d'opposition. Notre bambin se sent seul, seul à l'école et seul à la maison. Il vit dans une situation d'isolement particulièrement intolérable à un jeune âge où l'on a plus qu'à un autre besoin de l'affection de son entourage. Sa souffrance psychologique est très importante. N'ayant pas les capacités d'analyse des adultes, il perd tout repère : il est incapable de faire ce qu'on attend de lui et vit le rejet constant de tous. L'adulte qu'il deviendra gardera en mémoire cette solitude de son enfance, les qualificatifs péjoratifs employés à son encontre et aura cette mauvaise estime de soi qui fait l'une des caractéristiques de la personnalité des tdah. Sous l'effet du stress, des comportements bizarres peuvent surgir qui font d'autant plus douter de la santé mentale de l'intéressé. Certains se mettent à avoir des manies curieuses, une démarche peu coordonnée etc. Beaucoup sont allergiques (eczéma atopique ....). Parmi les manies, on citera la collection d'objets les plus divers voire plus gênante à partir de 10/11 ans l'arrachage des cheveux ou trichotillomanie.. Il ne faut pas pour autant en déduire qu'ils sont atteints de TOC (troubles obsessionnels compulsifs). Ce n'est que lorsqu'elles prennent un caractère obsessionnel et invalidant qu'on devra s'en inquiéter.

De la même façon, il peut être bruyant racontant à haute voix tout ce qui lui passe par la tête. Or, imaginons deux secondes l'effet produit sur notre voisinage si nous racontions tout haut les idées les plus fantaisistes qui nous viennent à l'idée. De là à penser que nous sommes complètement toqués il n'y a qu'un pas.

L'hyperactif vit en état d'activité permanente. Chez l'adulte cela passe pour du dynamisme. On relève qu'il est infatigable et qu'il ne s'arrête que lorsque sa fatigue lui impose le repos. Dès qu'il est reposé, il repart immédiatement sur le même rythme. Chez l'enfant, c'est de l'agitation constante. Il ne va pas hésiter à sauter sur une table, visiter les moindres recoins des magasins. Bousculer les présentoirs au risque de les faire tomber. Il ne restera pas assis sur une chaise 30 secondes, va tripoter tout ce qui passe à sa portée sans que le rappel de l'interdiction de faire ait la moindre efficacité. Naturellement, il passera pour être mal élévé puisqu'il ne respecte aucune convention sociale et particulièrement dans les lieux où une partie de l'espace est régi par des règles implicites que tout un chacun adopte. Plus l'espace est restreint, plus la règle est contraignante et plus l'on rencontre de difficultés.

Tout cela nous oblige en tant que parent, non seulement à intervenir en permanence sur le comportement de notre enfant mais aussi à gérer les réactions de l'entourage. On choisira d'en informer certains, on en évitera d'autres et malheureusement on sera bien obligé de faire avec les irascibles. Dans un monde où l'on impose aux enfants une vie d'adultes, la tolérance face au comportement des tdah est généralement limitée. Il faut se faire à l'idée que les relations sociales se restreignent inévitablement. Les vrais amis restent, les autres s'éloignent. Comme dit le proverbe, c'est dans l'adversité qu'on connait ses amis ! Mais c'est aussi valable pour le conjoint et la famille.....

Il n'a généralement pas le sens de l'organisation : si enfant il oublie ses affaires scolaires, adulte il appréciera de rencontrer quelqu'un qui le dégagera de toutes ces questions d'intendance pour lesquelles il n'est pas doué. Il sera heureux d'être dégagé des tâches qui viennent ralentir sa pensée et la parasiter. Le respect des horaires n'est pas souvent son fort. Il donnera plusieurs RV en même temps ou oubliera une obligation au profit d'une autre qui l'intéressera davantage sur le moment.

Notre hyperactif a souvent peu de tabous. Il n'a pas peur de se balader dans le plus simple appareil. Il intègre beaucoup tard que les autres les interdits et n'a donc pas les mêmes réserves dans bien des domaines que la plupart des gens. Il est perçu comme quelqu'un de "nature" et sans complexe. On sait que dans la réalité, il n'en n'est rien.

C'est souvent un anxieux qui cache sous un dynamisme apparent des angoisses qui remontent à sa prime enfance, conscient des difficultés qu'il rencontrait et de sa différence avec les autres enfants. Certains adultes en gardent un véritable traumatisme (on serait traumatisé à moins) et font le "black out" sur cette partie de leur existence ou tout était si difficile pour eux. Et si par la suite, on diagnostique le tdah, chez l'un de leurs enfants, il préfèreront ne pas en entendre parler. D'autres, auront la démarche inverse, ils seront plutôt soulagés de connaître enfin la cause de leurs difficultés.

Il est donc extrèmement important d'apporter une aide psychologique aux enfants thada afin de leur permettre d'aborder l'âge adulte avec sérénité.

S'il pique la mouche facilement, il se calme assez vite et redevient charmant en très peu de temps. En général il ne sait pas faire la tête, il n'aime pas rester fâché. Mais à l'usure, il peut devenir vindicatif et rancunier. Surtout s'il a le sentiment qu'on l'a manipulé : il en voudra alors aux autres des erreurs qu'il commet. Ce sera obligatoirement la faute de celui qui l'aura volontairement ou involontairement poussé à l'erreur et il aura du mal à admettre qu'une modification de son fonctionnement lui éviterait bien des déboires.

En tant que parents nous devrons travailler cette question. Revoir avec lui le déroulement des choses et voir comment éviter à l'avenir de retomber dans la même erreur. Mais il faudra qu'il ait atteint un certain âge. Le très jeune enfant n'a pas encore atteint la faculté d'analyse ni le contrôle de lui-même suffisant pour y parvenir. Pour cela comme pour tout le reste, il faudra y mettre le temps et demander au thérapeute qui le suit de vous y aider.

Mais surtout, ce qui pose particulièrement problème car cela rend la vie très pénible au quotidien, c'est l'incapacité à supporter la frustration - le trouble d'opposition - Il ne supporte pas les interdictions quelle qu'en soit la nature. Une broutille peut le faire "disjoncter" et se mettre en fureur. Dans ces moments là, il casse tout ce qui lui passe par les mains. Il jette violemment par terre même ce à quoi il tient particulièrement. Certains tiennent un langage ordurier. C'est difficile à supporter pour les parents et très délicat à gérer. Il semble que tout ce qu'on fait pour les calmer ne serve qu'à une chose, les faire redoubler de fureur. Si leur capacité de contrôle était intacte ces colères ne seraient pas aussi fréquentes ni aussi violentes. Car généralement, le calme revenu, notre tdah s'en veut de sa fureur mais sur le moment, il est incapable de s'en empêcher. Les punitions corporelles trouvent vite leur limite car notre furieux loin de se calmer se déchaîne d'avantage. L'isolement dans sa chambre a souvent le même résultat. Car il casse tout dans la pièce qu'il ravage plus ou moins. Même en rage, il a besoin de conserver le contact, de vous voir et même de vous toucher. Quitte à vous agrémenter de coups de pieds au passage.

Aussi, je suggère de canaliser sa violence en le serrant contre vous pour l'obliger à se calmer. Naturellement, c'est loin d'être facile. J'ai également utilisé le mutisme. Il pouvait rester près de moi mais je refusais de lui parler. Et bien sûr tout cela doit être adapté à l'âge de chacun. Il faut surtout prendre le temps car ce genre de colère ne se calme pas d'un coup de baguette magique. En même temps, on lui rappelle la règle à respecter. Et surtout, on évite de se contrarier en le voyant réitérer régulièrement ce genre de comportement, l'amélioration ne vient pas rapidement. Progressivement, vous trouverez la réponse la plus efficace et vous l'améliorerez. Il faut toujours essayer de garder présent à l'esprit le fait qu'il n'a pas de contrôle de soi. Il n'y a pas de solution miracle. Le but c'est d'éviter d'aggraver la manifestation du syndrome et d'aider lentement le thada à effectuer ce contrôle sur lui même, qui est indispensable à son équilibre.

Je vais me faire des ennemis chez certains professionnels en disant que la psychologie d'un hyperactif répond à des règles éducatives assez différentes de celles qui sont généralement admises : méfiez-vous des conseils qu'on pourra vous donner. Généralement ils sont mauvais. Le pédiatre de mon fils me conseillait de l'ignorer - je lui ai démontré que cela ne servait à rien - ignoré mon bambin se mettait à tout casser dans la maison. Je sais que d'autres parents de thada ont constaté comme moi les résultats d'une pareille méthode. Chez beaucoup de tdah, il nous faut gérer la contradiction suivante : il se rend tellement insupportable que nous avons envie de le mettre à l'écart........... ce qui ne fait qu'attiser sa fureur.

Il faut donc trouver autre chose. Si cette façon d'agir est efficace avec votre enfant tant mieux ! Mais surtout modifiez la, si vous faites le même constat que moi. Mais surtout, ne cédez pas sur l'essentiel. Ne le harcelez pas sur des détails, restez inflexible sur le respect qui vous est dû et sur les règles qui assurent sa sécurité. Pour le reste, faites avec lui , accompagnez le : rangez la chambre avec lui, brossez vous les dents ensemble, bref accomplissez les gestes de la vie quotidienne avec lui. Et soyez satisfait du résultat, s'il le fait sans marquer d'opposition. Car seul il y a fort à parier qu'il abandonnera avant d'avoir fini.

Il faudra compenser en répétant inlassablement les consignes. Là aussi inutile de s'impatienter. Les choses se mettent en place lentement. Il vous faudra quotidiennement pendant des années faire le rappel de ce qu'il doit faire.

 

A l'âge adulte les manifestations si gènantes du jeune âge auront disparu. Il en restera la plupart du temps une personnalité intelligente et originale, celle, générée par le déficit attentionnel. L'adulte sera souvent infatigable, impulsif et conservera probablement en mémoire une enfance difficile marquée généralement par une certaine solitude et une mauvaise estime de soi, sentiment d'autant plus fort que sa scolarité aura été perturbée.

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classement : petite bibliothèque (mise à jour 19/04/2004)

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