GUIDE PRATIQUE DE L'HYPERACTIVITE DANS L'HEXAGONE


Comment inciter les enseignants de collège à mettre en place une pédagogie adaptée.

Sachez que vous êtes confrontés au défaut majeur de l'Education nationale. Le mamouth est particulièrement résistant au changement. Pire l'adaptation de la pédagogie est la tarte à la crème qui est servie dans tous les textes et tous les discours sur les difficultés scolaires depuis des années sans qu'on ne perçoive la moindre évolution. Les enseignants sont les premiers à faire ce constat. Rien dans leur pratique professionnelle ne leur permet véritablement de conduire un tel changement. Il n'y a pas de pédagogie différenciée et il en sera ainsi tant que l'on ne diminuera pas de façon sensible les effectifs des classes. L'enseignement de masse qui a permis à près de 80 % de chaque classe d'âge d'accéder au baccalauréat, est notoirement inefficace pour tous les enfants en difficultés.

De façon générale, l'Education nationale est hostile à la création de classes adaptées car elle considère que cela est source de ségrégation. Pour les enfants atteints d'un déficit attentionnel, qui sauf exception ne relèvent pas de structures lourdes du secteur médico-social (institut médico-éducatif, institut de rééducation etc..) et qui ne sont généralement pas considérés comme des handicapés à part entière, leur place est en classe ordinaire.

Or en classe ordinaire, il est rare d'obtenir les adaptations qu'exige leur déficit attentionnel. La conséquence en est que l'élève au lieu de progresser cumule les retards scolaires et se trouve acculé à sortir de l'enseignement ordinaire sans perspective d'avenir professionnel. C'est ainsi que l'on transforme une diffficulté en handicap.

Tous les établissements n'ont pas la même politique à l'égard de ces élèves différents. Ainsi certains s'en sortiront pas trop mal. En particulier le collège fonctionne sur le principe que l'enfant est autonome. Ce qui ne convient absolument pas - dans la grande majorité des cas - aux enfants hyperactifs.

Quelques aménagements sont donc nécessaires. Mais pour les obtenir, il faut que l'ensemble de la communauté éducative marque une certaine ouverture à ce type de problème. Il y a des établissements perçus comme élitistes et d'autres au contraire cumulant les difficultés sociales. L'aménagement du tiers temps (temps supplémentaire pour les examens) fait l'objet d'une règlementation . Mais il n'existe rien d'aussi précis pour l'adaptation de la pédagogie. Il faudrait faire agir le médecin de santé scolaire qui travaillera en liaison avec le médecin spécialiste. Mais rien ne garantit que cette démarche sera couronnée de succès. Elle est cependant conforme à l'état actuel de la règlementation et des attributions des médecins de santé scolaire.

Dans toute la mesure du possible, il faut vérifier avant d'inscrire votre enfant que le projet de l'établissement fait une place réelle à la prise en compte des élèves dits en difficultés. Mais attention ... Il y a souvent confusion dans les esprits entre difficultés sociales et difficultés scolaires . De même, on associe facilement l'enfant en difficultés scolaires avec une famille dépassée ou déficiente. Si vous êtes un parent actif, déterminé à conserver la maîtrise des décisions sans vous en remettre aveuglément aux professionnels, vous constaterez qu'il faut du temps pour que votre parole soit véritablement prise en compte.

A titre d'exemple et pour mieux faire comprendre mon propos : lorsque j'ai cherché un établissement susceptible d'accueillir mon fils j'en ai contacté plusieurs. J'ai interrogé les professionnels qui suivent mon enfant ce qui m'a permis d'éliminer un établissement qui s'était déclaré apte à s'occuper de mon enfant. J'avais déjà eu des doutes quand j'ai observé le comportement général des enseignants et des élèves. Ces derniers étaient remarquablement disciplinés. Je n'ai pas eu de retour quand j'ai abordé dans mon entretien la gestion des élèves en difficulté. Et pour finir, j'ai appris d'un parent que dès le premier jour de classe, son enfant avait été renvoyé alors que celui-ci avait déjà été reçu dans l'établissement à titre de test. En clair à la moindre difficulté, l'établissement pratique le renvoi et n'essaie absolument pas de trouver une solution en terme de gestion de l'élève et du groupe.C'est une pratique fréquente de certains établissements privés. Ils pratiquent une sélection qui ne s'avoue pas par le biais des méthodes mises en place. D'autres au contraire se montreront plus ouverts que bien des établissements publics. L'expérience me prouve que dans ce domaine il n'y a pas de règle : on trouve le meilleur et le pire en public comme en privé.

Il faut rester vigilant car il y a parfois un fossé entre le discours et les actes. Pour les hyperactifs, n'oublions pas que la bonne volonté ne suffit pas, il faut comprendre leur fonctionnement pour les gérer correctement. Cette compréhension est rarement acquise spontanément. Depuis des années, je n'ai rencontré que peu de personnes parmi les enseignants, professeurs de gymnastique, moniteurs sportifs etc qui ont compris seuls comment mon fils fonctionnait. Pour tous les autres, même animés de la meilleure volonté, il a fallu du temps et pas mal d'erreurs. Il y a des moments où je me suis montrée très ferme et certainement désagréable du point de vue de l'enseignant. Mais, rien ne me ferait accepter des attitudes inadaptées qui finiront à la longue par rendre la situation ingérable pour l'enseignant comme pour mon fils. Ce dernier ne bénéficiera pas obligatoirement de ma mansuétude. Je lui explique et réexplique comment les autres fonctionnent à son égard. Je lui apprends à se faire une opinion en observant leur comportement. Je pars toujours du principe qu'il doit apprendre comment réagissent les gens dits "normaux" ne serait-ce que pour qu'il sache correctement gérer ses relations sociales. J'évite le plus possible les jugements de valeur et je rappelle inlassablement à mon fiston en quoi certains adultes ont été corrects à son égard même si ceux-ci ont pu prendre à un moment donné une position qu'il n'apprécie pas. Je lui explique régulièrement et par l'exemple qu'il sera toujours obligé de vivre en société et qu'il doit apprendre comment agissent et réagissent les autres pour éviter le maximum de déagréments. Je l'oblige en permanence à se projeter dans le temps, chose qui ne lui est pas naturelle bien au contraire. Il me paraît particulièrement important d'éviter pour lui comme pour les autres de formuler des jugements de valeur. Cette attitude est essentiellement pratique. C'est celle qui fonctionne le mieux car elle lui donne le maximum de repères. Je vise à lui permettre plus tard d'avoir un jugement sûr, contrepoids le plus efficace de son tempérament hyperactif. Cette attitude à mon sens est de nature à permettre à un enseignant de construire une relation correcte avec mon fils dès lors que j'aurai favorisé la prise de recul par rapport à des positions inadaptées. Autant le dire franchement, compte tenu des difficultés que posent l'hyperactivité aux enseignants, aucune intégration scolaire n'est réussie sans le travail patient et discret des parents qui "préparent le terrain". Récemment, j'ai eu cette remarque d'un professeur sportif "il est puissant mais il fait attention et se contrôle " : je n'ai pas pu m'empêcher de lui dire " j'ai travaillé en ce sens". Mon fils dans son jeune âge avait été qualifié de violent et d'agressif. Or, j'ai quotidiennement demandé à mon fils de se contrôler quand il se montrait brutal par impulsivité. Je ne lui ai jamais dit "tu es méchant" mais tout simplement "tu fais mal", fais attention".

Dans un établissement qui n'a pas de vocation particulière, il faudra essayer de sensibiliser la communauté éducative. Pour ce faire, on peut essayer la méthode suivante mais hélas je ne peux garantir qu'elle sera couronnée de succès. Il faut se trouver un allié dans l'établissement, l'idéal est bien sûr le chef d'établissement mais on peut aussi le trouver chez le médecin de santé scolaire, chez le conseiller d'orientation, au secrétariat de la commission de circonscription de l'enseignement secondaire (CCSD), chez le professeur principal etc.

Cet allié pourra vous aider à faire passer le message. L'idéal serait aussi qu'un des professionnels qui suit votre enfant soit prêt à faire une intervention dans l'établissement. Comme toujours lorsque l'on veut obtenir quelque chose, il faut que les enseignants y voient un intérêt.

Si les informations que reçoivent les enseignants sont perçues comme une aide par ces derniers, elles ont bien plus de chances d'être entendues. Ils appartiennent à une catégorie professionnelle très susceptible qui se considère généralement comme le patron dans sa classe. (Il est d'ailleurs rare qu'un enseignant qui rencontre des difficultés recherche de l'aide, il préfèrera nier le problème ou déclarer l'enfant inadapté à une scolarité normale ). Le discours sur la maîtrise de la pédagogie par l'enseignant est régulièrement servi aux parents d'enfants handicapés dès qu'ils ont le malheur de vouloir donner des informations sur la façon de travailler avec leur enfant.

Il ne faut pas laisser entendre qu'ils manquent de compétences chose qu'ils ne supporteront évidemment pas. C'est la raison pour laquelle les parents que nous sommes avons du mal à nous faire entendre. Nous nous faisons les avocats de notre enfant. Or l'enseignant n'entendra qu'une personne susceptible de se placer de son point de vue. Il va falloir lever ses objections personnelles sur le fait qu'il ne peut pas s'occuper d'un seul élève alors qu'il en a 29 autres à instruire. La plupart du temps, un professionnel a plus de chances de se faire entendre. Mais bien sûr, des parents qui ont une certaine dexérité à gérer des relations professionnelles sauront éviter de tomber dans certains pièges.

Il faut aussi être conscient des limites de ce que l'on peut attendre des enseignants et ne pas placer nos exigences trop haut. Il faut également se faire reconnaître et accepter en tant que parents compétents ce qui prend du temps. Souvent il faut avaler certains propos sans se mettre en colère et sans démarrer au quart de tour. Certains peuvent être acceptés car ils traduisent l'inquiétude d'un enseignant face à ses responsabilités. Mais il faut rester toujours clairs et fermes. Il faut avoir confiance en soi et en ses aptitudes, faute de quoi les enseignants qui percevront parfaitement nos hésitations ne prendront pas en compte notre démarche. Il faut se montrer prêts à relayer le travail à la maison. Notre tdah perd une partie des informations dans le cadre scolaire et ne les imprime pas suffisamment d'où la nécessité d'organiser le soutien scolaire. Les enseignants seront plus volontiers incités à s'occuper d'un enfant dont les parents suivent les apprentissages.

Cependant, il est des cas désespérés et je ne saurais trop conseiller les parents de prospecter pour trouver un établissement dont le projet comprend expressement la prise en compte des enfants en difficultés. Cela signifie que les enseignants seront prêts à réfléchir pour trouver la méthode la plus adaptée à l'enfant, qu'ils sauront gérer le groupe classe et notamment faire accepter la différence de l'enfant sans pour autant être laxistes, toutes qualités qui témoignent d'une conception particulière du métier non inanimement partagée par le corps enseignant : permettre à chaque enfant d'exprimer le maximum de son potentiel

 

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