Guide pratique de l'hyperactivité dans l'hexagone


Les signalements aux services sociaux et les placements d'enfants hyperactifs


La présente a pour objet d'expliquer l'engrenage qui conduit au placement des enfants hyperactifs parfois en toute connaissance de cause mais le plus souvent dans l'ignorance des caractéristiques familiales.

Nombre de textes font obligation aux professionnels comme au simple particulier de signaler un enfant en danger. Or l'hyperactivité d'un membre d'une famille constitue en soi un facteur de risque.

Ce risque existe de deux points de vue :

- il peut générer un placement abusif car la situation de la famille n'est pas correctement évaluée

- il peut constituer un environnement favorable à la survenue d'actes de maltraitance.

Autant l'erreur est compréhensible sinon admissible dans une situation familiale rendue difficile par l'hyperactivité, autant elle devient intolérable lorsque le diagnostic est posé et que les professionnels s'entêtent à prolonger le placement contre le souhait clairement exprimé de l'enfant et le désir de la famille. Or, il n'est pas rare que les parents soient obligés de recourir au ministère d'un avocat pour obtenir gain de cause.

L'ignorance est la grande responsable de cette situation. J'ai abondamment développé cette situation par ailleurs sur le site et je ne n'insisterai pas sur le problème majeur qui se pose à notre pays. Nombre de professionnels continuent à assimiler la ritaline à une drogue. Et même lorsque l'existence de ce syndrome est admise, la majorité n'en n'ont pas, loin s'en faut une connaissance suffisante.

Un enfant hyperactif non diagnostiqué peut développer des comportements violents et agressifs qui vont se manifester tant à l'égard de sa famille que de ses camarades de classe ou du voisinage. Il va commettre des détériorations et se blesser très fréquemment.

Il va aussi développer une souffrance psychologique majeure qui va accentuer les traits péjoratifs de son comportement. Il pourra avoir des attitudes maniaques et stéréotypées, parler de façon incohérente et sans rapport avec le sujet, développer une dépression grave, menacer de se tuer, se montrer brutal avec ses parents et ses frères et soeurs etc. ..Ces effets induits chez un enfant hyperactif non diagnostiqué va brouiller la compréhension de l'entourage et des professionnels. A partir d'un certain stade de "dégâts" psychologiques, la possibilité d'en faire le diagnostic diminue car le déficit attentionnel sera uniquement imputé aux troubles psychologiques de l'enfant, la famille en étant considérée comme le générateur. Ce brouillage égare les spécialistes à plus forte raison les autres professionnels.

Même si beaucoup de parents ne veulent pas entendre parler de violence chez leur enfant, je pense personnellement que ce risque est grand lorsque l'hyperactivité n'est pas connue ou mal prise en charge. Un parent d'enfant TDA/H devra pour le gérer faire preuve de compétences et disposer de moyens que tous n'ont pas malheureusement. Certains pour sauver la cellule familiale choisissent d'eux-même le placement de leur enfant en structure sanitaire ou médico-sociale. Une attitude que je ne peux que comprendre.

L'enfant hyperactif ne naît pas violent, il le devient progressivement sous l'effet conjugué de l'absence de prise en charge adaptée, du rejet social et scolaire et des erreurs éducatives commises par les parents. Ceux-là en toute bonne foi, mettent en application les règles classiques de l'éducation et vont se planter dramatiquement car elles peuvent s'avérer dangereuses dans le cas d'un enfant tdah. Ou à l'inverse, ils n'imposent aucun cadre à l'enfant ce qui se révèle à plus ou moins long terme une erreur aussi grave.

L'environnement qu'ils peuvent offrir à leur enfant est déterminant. Au sein de la famille, la fratrie peut constituer un problème supplémentaire à gérer. Les bagarres entre frères et soeurs fréquentes dans une famille normale peuvent vite devenir pathologiques dans une famille d'hyperactif(s).

Avoir une famille nombreuse, est une complication supplémentaire, car un tdah demande un suivi étroit et une éducation spécifique qui est plus difficile à mettre en place au milieu d'une grande fratrie. Dans les grandes familles, les plus âgés aident les parents à s'occuper des plus jeunes et tous participent aux tâches matérielles.

Impossible de demander aux aînés qui n'ont pas la mâturité suffisante de prendre correctement en charge le petit frère hyperactif. Les parents devront assurer cette tâche. Impossible également d'obtenir qu'il participe au même niveau que les autres aux tâches matérielles. Dans ces grandes familles, le temps fait défaut pour prendre en compte les enfants de façon individualisée, or ces enfants en ont cruellement besoin. Bien sûr l'aide que pourra apporter les grand-parents, oncles et tantes est de nature à faciliter les choses.

Les familles monoparentales sont généralement considérées comme facteur de risque ce qui n'est pas une fatalité : tout dépend du parent. A la limite, n'ayant pas à composer pour prendre ses décisions et s'occuper de son enfant, ce parent aura plus de moyens pour mettre en place le cadre clair à l'intérieur duquel il pourra évoluer.

L'entente des parents sur l'éducation des enfants est essentielle. Si les parents n'appliquent pas des méthodes éducatives proches, le tdah va s'aggraver.

Les parents devront jouir également d'un bon équilibre psychique car un tdah a le chic pour faire dijoncter le plus calme des adultes. Il faudra qu'il résiste plus qu'un autre à l'envie fréquente qu'il aura d'utiliser les châtiments corporels. Or, la désobéissance et l'opposition sont très souvent partie intégrante du syndrome.

Il devra aussi garder la tête froide face aux critiques de l'entourage et à la désapprobation des grand-parents, des oncles et tantes chez lesquels il n'est pas rare de voir nier le handicap et d'imputer la situation à l'incapacité éducative des parents.

Bref, les parents d'enfants tdah se trouvent acculés à l'isolement et peuvent à leur tour développer une agressivité qui sera généralement incomprise. Tel parent va avoir une altercation avec l'enseignant qu'il accuse de punir son fils constamment à tort. Le pire c'est qu'il a probablement raison. Mais garder son self control est difficile car chez bien des parents règne le sentiment "qu'on les prend pour des imbéciles".

Tel autre parent va arrêter brutalement ou après une altercation saignante avec les professionnels le suivi de son enfant, irrité qu'il est de ne voir aucun progrès sans parler de la phobie que ce dernier a développé à l'égard de la structure (hôpital de jour ou autre...) Fatigué de voir qu'on le considère comme incapable de s'occuper de son enfant, alors qu'on est dans l'incapacité après des années de psychothérapie de faire évoluer la situation, les parents réagissent pour certains violemment. Objectivement, ils ont parfaitement raison : on ne peut pas à la fois les rendre responsables des difficultés de leur enfant et mettre en oeuvre pendant des années une prise en charge inefficace. Mais on constate qu'on rejètera volontiers la faute de l'échec sur les parents plutôt que d'opérer une remise en cause salutaire. Cette attitude est caractéristique des professionnels exerçant en institution. En libéral, le parent qui est aussi le payeur a souvent plus de poids. La situation économique des parents est aussi un facteur déterminant.

J'ai rencontré des parents qui avaient peur de mettre un terme à la prise en charge de l'hôpital de jour ou du CMP car ils craignaient les réprésailles. Mon conseil a toujours été le même : faites d'abord poser le diagnostic par un autre spécialiste, mettez en place les rééducations et le suivi en libéral puis envoyez au médecin responsable du service, une lettre recommandée avec accusé de réception dans laquelle vous faites part de votre décision : l'enfant sera désormais suivi en libéral. Surtout ne vous justifiez pas, montrez par votre attitude ferme et calme que vous êtes le seul habilité à prendre les décisions en tant que détenteur de l'autorité parentale. Mais tous les parents n'ont pas cettte assurance ni cette prévoyance et le risque lors du départ de la structure de se voir signaler aux services sociaux est grand.

Pour comprendre la situation d'une famille d'hyperactif(s), essayons en faisant abstraction de tout présupposé de se mettre à sa place. Leur enfant se fait rejeter partout et plonge dans un isolement dramatique qui conduit à l'agressivité et à la dépression. Les parents essaient vainement de le canaliser et sont épuisés de devoir être en permanence sur le qui-vive pour le surveiller. Pendant ce temps-là, famille, amis les critiquent ce qui les obligent à faire le vide pour avoir la paix. Pour agrémenter le tout, les prises en charge n'apportent rien, la situation s'aggrave et la désocialisation de l'enfant et de sa famille s'installe.

Lorsque les professionnels observent la situation, ils constatent que l'un des enfants déséquilibre toute la famille par son état mental et préconisent alors le placement. Ils supposent la plupart du temps des problèmes psychologiques dûs à des difficultés familiales et à l'incapacité des parents - considérés comme étant eux-mêmes pathologiques. .Les parents ne sont pas toujours d'accord mais leur vie est à ce point intenable que certains lâchent prise. D'autres plus prévoyants auront pris les devants en "mettant leur enfant en pension".

Les motifs de signalement sont nombreux :

- professionnels de l'éducation nationale qui considèrent que l'attitude agressive des parents à leur égard est révélatrice d'un risque pour la santé mentale de l'enfant, à moins qu'ils ne s'inquiètent plus prosaÏquement du nombre d'hématomes que celui-ci a sur le corps.

- intervention des structures de suivi notamment lorsque les parents prennent la décision d'arrêter les prises en charge.

- voisinage excédé par les cris et des attitudes qu'ils considèrent comme violentes à l'égard de l'enfant, également soucieux de se débarrasser d'un voisin avec lequel il a eu maille à partir. Les rapports de voisinage ne sont pas toujours faciles mais avec un enfant tdah le risque de disputes est très sensiblement augmenté.

- simple connaissance, spectatrice de l'attitude d'un parent dont elle ne connait pas la genèse mais qui heurte sa sensibilité.....

A propos de la perception du voisinage, j'ai nombre d'anecdotes qui témoignent du défaut d'analyse de la plupart des gens. Leurs réactions sont avant tout viscérales. Un enfant qui hurle suscite leur agacement, mais si l'intervention du parent en est la cause, ils vont s'attaquer à ce gêneur sans discernement. Essayons donc d'analyser en toute lucidité ce qui nous fait réagir lorsqu'un enfant se met à hurler et je pense qu'on sera surpris de nos véritables motivations à intervenir.

Ce qui attire l'attention, c'est bien entendu ce qui se voit et ce qui s'entend. Mais les priorités importent peu. Que la réaction du parent soit justifiée par la sécurité de l'enfant n'est pas le problème. Peu importe également que le parent ne lâche pas prise devant un enfant récalcitrant afin d'asseoir son autorité. On sait que le manque d'autorité est un reproche fréquent qui leur est fait : je vais démontrer à quel point il est difficile de l'exercer avec un enfant tdah et comment la société en général leur complique la tâche.

Telle personne interviendra auprès d'un parent dont l'enfant hurle et lui envoie des coups de pied simplement parce que le bruit que fait l'enfant lui donne à penser que le parent le maltraite. L'enfant thada qui résiste à l'autorité de ses parents le fait bruyamment : le refus de quitter une occupation distrayante se traduira par une résistance acharnée qu'aucun enfant non atteint du syndrome n'est capable de manifester. J'ai très vite remarqué qu'un enfant réprimandé par ses parents cessait assez rapidement ses caprices pour peu que les parents restent inflexibles. Avec mon bambin, rien à faire. Très jeune, il refusait de rester assis dans le chariot du supermarché et se levait constamment. Inlassablement, je le remettais en place ce qui s'accompagnait de hurlements qui attiraient inévitablement l'attention. Je n'ai jamais cédé, le remettant en place avec persévérance ce qui m'a valu des reproches de certains clients. Même phénomène, lorsqu'il fallait lui faire quitter une occupation ou un jeu qui l'intéressaient : je n'avais d'autre solution que de le forcer physiquement à m'obéir en le prenant par la main. Décidé à me résister, il se jetait par terre. Je n'ai jamais hésité à l'obliger à me suivre quitte à le laisser se traîner par terre ce qui ne manquait jamais d'attirer l'attention sur nous. Je ne compte plus le nombre de coup de pieds que j'ai reçu à cette époque. Même si je m'abstenais de le frapper, j'ai eu droit à des réflexions désobligeantes du style "qu'est ce que vous faites ! vous ne vous rendez pas compte que vous le maltraitez !" J'ai même été obligée un jour de dire : "Est-ce que vous voyez qu'il m'envoie des coups de pieds et que je ne le touche pas !" Réalisant son erreur, on est parti sans rien ajouter.

La psy de l'époque ne comprenait pas pourquoi il connaissait la règle (et pour cause !) alors qu'il ne la respectait pas....

Mais je ne regretterai jamais de ne pas avoir cédé même si je suis passée aux yeux des imbéciles pour une tortionnaire. Je suis convaincue que les progrès qu'il a fait par la suite en ont été facilités. S'il ne prend pas le traitement en dehors du cadre scolaire, c'est bien aussi parce que j'ai accepté de supporter les situations très difficiles dans lesquelles il m'a mise. J'ai compris bien plus tard que par mon attitude j'établissais le cadre dont a besoin un tdah. Mais j'ai aussi limité le plus possible les occasions d'attirer l'attention sur nous, en fuyant les situations à risque. J'ai donc renoncé aux sorties au restaurant sachant qu'il serait impossible de l'empêcher d'avoir une attitude perturbatrice. J'ai préféré faire venir chez moi quelques rares amis plutôt que d'aller chez eux et de le voir faire les quatre cent coups etc

Plus tard, j'ai pris souvent la décision de ne pas l'empêcher de se mettre dans des situations impossibles considérant que l'expérience allait porter ses fruits. Je suis passée par des moments de grande inquiétude car on ne traite pas le trouble d'opposition chez un enfant plus âgé de la même manière. Lorsqu'il a décidé un jour de hurler sous les fenêtres de l'appartement d'un de ses camarades de classe pour attirer son attention : je lui ai dit de ne pas le faire car il allait provoquer la colère des parents. Devant son entêtement et pressentant l'escalade, je l'ai laissé faire en lui disant qu'en cas de problème il devrait se débrouiller tout seul. Je suis partie mais comme je n'avais pas l'intention de le laisser aux prises avec des adultes dont je me méfais des réactions, j'ai attendu la suite des évènements à distance raisonnable. Je n'ai pas tardé à le voir arriver en courant poursuivi par le père de famille qui m'a invectivée "qu'est-ce qu'il a votre enfant, il n'est pas normal ! " D'un ton glacial, j'ai rétorqué "vous avez fait ce qu'il faut pour qu'il parte ! c'est parfait". Je lui ai alors tourné le dos en disant à mon fils - qui a immédiatement obtempéré - de rentrer à la maison.

L'homme a été sidéré par ma réaction et est parti sans ajouter un mot. Quant à mon fiston, il n'a plus jamais recommencé. J'ai usé aussi souvent que possible de ce système qui avait pour avantage de lui faire comprendre les motifs de mes interdictions tout en réduisant les manifestations de son trouble d'opposition. Le but poursuivi était simple : lui faire admettre que mes interdictions n'avaient qu'un motif : lui éviter des ennuis. Parallèlement, je lui donnais le moyen d'augmenter ses aptitudes sociales. Je me suis donc servie de la réaction des autres pour asseoir mon autorité sans heurt. Et cela a plutôt bien fonctionné. Il constatait dans sa naïveté que je faisais peur à celui qu'il craignait ce qui augmentait très sensiblement "mon prestige" à ses yeux.

Lui faire faire ses expériences comporte un risque mais je le vois aujourd'hui analyser les situations avec une certaine pertinence ce qui m'encourage à poursuivre dans cette voie.

Lorsque j'ai affaire à des adultes intelligents, ce qui arrive de temps en temps, je leur explique que la répétition des erreurs fait partie de la personnalité de mon fils et que leur intervention m'est utile. C'est ainsi que j'entretiens d'excellentes relations avec mon voisinage immédiat. J'ai pu expliquer à mon fils devant l'un de mes voisins que ce dernier avait parfaitement raison de se fâcher et qu'il n'avait pas à démonter sa clôture... il s'est arrêté après cette explication et adore le voisin qui a eu l'intelligence de ne pas lui marquer d'hostilité par la suite.

Imposer physiquement son autorité sans pour autant user de violence, devient de plus en plus difficile au fur et à mesure des années. Les techniques données pour le jeune âge finissent par devenir inefficaces quand ils grandissent. Autant il sera facile pour un parent de prendre sous le bras un enfant qui refuse de l'accompagner, autant la méthode n'aura plus aucun intérêt avec un solide adolescent. Prévoyant le moment où je n'en n'aurai plus les moyens, j'ai commencé à le laisser faire un certain nombre d'expériences tout en intervenant quand cela devenait nécessaire. J'avoue que j'ai renoncé à "me faire bien voir" de tout le monde, chose assez impossible quand on a un enfant tdah. Lorsque plusieurs enfants du voisinage se sont regroupés pour jeter des cailloux à mon fils au point qu'il n'osait plus sortir seul, j'ai adressé un courrier assez sec à leurs parents dans lequel je leur disais qu'au cas où mon fils aurait posé problème, il n'appartenait pas à leurs enfants de faire la loi mais qu'ils devaient m'en faire part et que par ailleurs cette habitude de jeter des cailloux était dangereuse et pouvait blesser quelqu'un. Cela s'est arrêté. J'ai appris par la suite que mon fils avait probablement fait de menues bêtises telles que mettre des aiguilles de pin et des feuilles dans les boîtes aux lettres, toutes choses, je le savais qui se seraient arrêtées s'ils avaient eu l'intelligence de m'en parler. Quant à leurs enfants, ils avaient décidé de mener une action vengeresse qui aurait pu très mal finir.

La psychologue de mon fils m'a confirmée que mon attitude était la plus adaptée car elle a permis d'arrêter l'escalade. J'ai évité d'interroger mon fils pour savoir ce qui avait pu déclancher cette vendeta et j'ai demandé à la psychologue de mon fils de le faire. Je lui ai fait jouer le rôle de tiers à d'autres occasions, ce qui s'est avéré très utile.

Une famille m'a répondu en me disant que jamais ses enfants n'avaient caillassé le mien. Je n'ai jamais répliqué : nier l'évidence est un moyen de défense couramment pratiqué par certains parents, leur répondre, c'était réagir à leur provocation et permettre les dérapages. Ainsi que je l'ai expliqué par la suite à mon fils, mon seul objectif était qu'ils arrêtent de lui envoyer des cailloux ce qui a été le cas. Quant à mon fils, la leçon a porté ses fruits car il ne s'est plus occupé de leur boîte à lettres ni de la nôtre qui avait bénéficié du même traitement.

Comme on le voit, il est difficile de ne pas se disputer avec son voisinage quand on a un enfant tdah. Souvent je me dis qu'il est heureux que je n'ai pas eu mon fils 10 ans plus tôt et que la mâturité a du bon.

J'ai eu conscience du fait que le comportement de mon fils pouvait générer un signalement, mais j'ai également été très vigilante et n'ai jamais laissé les professionnels croire que je n'entendais pas rester maîtresse de l'autorité parentale qui m'incombait. Je n'ai pas hésité à mettre les limites à ceux qui voulaient se mêler de ma vie privée, consciente que j'en savais bien plus qu'eux sur la gestion du syndrome. Mais j'ai la chance d'appartenir à un milieu professionnel qui m'a énormément appris sur le fonctionnement des secteurs social et médico-social. Ce n'est pas le cas de tous les parents hélas. Et pour parler franc, je ne suis pas hyperactive, j'ai pas mal de contrôle sur moi-même et professionnellement j'anticipe toujours les risques de dérapages. J'ai donc pris l'habitude de ne pas réagir à chaud sauf nécessité absolue. Cependant il ne faut pas croire que je bénéficiais d'un statut particulier du fait de mon appartenance professionnelle : on m'a très longtemps renvoyé l'image que je n'étais pas crédible du fait des difficultés de mon enfant. Il m'a fallu plusieurs années et les progrès de mon fils pour leur apporter la démonstration du contraire. Et même si aujourd'hui "j'ai fait mes preuves" tant auprès de mon entourage que des professionnels, je n'ai pas baissé la garde pour autant.

Il ne faut pas oublier qu'un enfant tdah a de grandes chances d'avoir un parent atteint. J'ai expliqué un jour à un père atteint d'un déficit attentionnel comment je me faisais respecter. Je lui ai dit que j'avais réfléchi au moyen d'y parvenir sans manifester physiquement mon autorité sachant que mon fils était programmé pour devenir non seulement plus fort que moi mais beaucoup plus que la moyenne. Cet homme qui avait eu maille à partir avec les services sociaux a eu cette répartie qui m'a laissée sans voix. 'Mais vous madame, vous êtes normale". Le temps que je suis restée dans cette famille dont tous les membres sont concernés par le syndrome à des degrés divers, j'ai bien évidemment constaté la réaction impulsive de chacun mais aussi une capacité à se comprendre qui fait leur force. Et pour ma part j'ai apprécié les explications que ceux-ci m'ont donné sur leur fonctionnement mental car il est difficile pour une personne non concernée de se représenter comment un tdah vit son handicap. Mais la réaction de ce père de famille est révélatrice du "statut de l'hyperactivité" dans notre société.

La maison "hyperactive" sera le plus souvent désordonnée, les enfants circuleront pied nus et n'hésiteront pas à se montrer dans le plus simple appareil... et alors....

Ceux qui auront eu connaissance à temps de ce qui fait leur spécificité seront plus armés pour s'occuper efficacement de leur enfant et éviter son placement qu'il soit accepté ou imposé.

Lorsque la situation est très dégradée et que les parents ne trouvent pas les moyens de se faire aider efficacement, le signalement et le placement de l'enfant devient malheureusement inévitable. Le rapport IGAS/IGEN intitulé "Enquête sur le rôle des dispositifs médico-social, sanitaire et pédagogique dans la prise en charge des troubles complexes du langage" constate que dans un institut de rééducation la moitié des enfants suivent des rééducations orthophoniques. Impossible d'oublier en lisant cela que 40 % des enfants hyperactifs sont dyslexiques. Les instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques (nouvelle appellation des IR)accueillent certainement beaucoup d'enfants hyperactifs diagnostiqués ou pas. Je considère pour ma part que cette solution est la marque d'un échec. Quant aux parents, je constate que rien n'est fait pour les aider à accomplir leur tâche éducative. Mais à parler franchement, je n'ai pas encore rencontré un professionnel qui s'y connaisse sufffisamment bien pour le faire. Un parent d'enfant tdah a beaucoup plus de chances de trouver des conseils valables auprès de parents expérimentés qui sont parvenus à gérer leur enfant qu'auprès des professionnels.

Témoignage.

Copyright : Carla7

 

 

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