Guide pratique de l'hyperactivité dans l'hexagone


Doit-on accepter de faire redoubler un enfant hyperactif ?


Lorsque les enseignants examinent les résultats d'un enfant TDA/H, il n'est pas rare de les voir proposer un redoublement et ce quelle que soit la classe dans laquelle se trouve l'enfant. On assiste ainsi à des préconisations de redoublement même en maternelle. Avec le recul, les parents qui ont accepté le redoublement finissent souvent par le regretter.

Attention : de la même façon que tous les hyperactifs n'ont pas le même potentiel, la décision finale dépendra de ses difficultés réelles. Un enfant qui cumule déficit attentionnel, hyperactivité avec une dyslexie sévère n'a pas toujours la possibilité de suivre en classe. Mais dans ce cas, il faudra s'interroger et se demander si la solution plutôt que le redoublement ne consiste pas dans l'augmentation des séances d'orthophonie. En règle générale, on se rend compte que le nombre de séances pratiquées est souvent inférieur aux besoins de l'enfant.

Pour éclairer mon propos, sachez que 40 % des tdah ont une dyslexie particulière, la dyslexie de surface. Celle-ci n'empêche pas l'acquisition de la lecture car elle touche surtout à la structure et à la compréhension de la phrase. On percevra mieux les difficultés de cette dyslexie au moment où l'on attend de l'enfant une lecture courante. Par contre une dyslexie phonologique va dès le départ compliquer l'apprentissage de la lecture. Les enfants peuvent également souffrir d'un problème de motricité fine qui va compliquer l'apprentissage de l'écriture. Bref, un état des lieux précis des compétences de l'enfant doit être fait. Mais on peut aussi faire admettre à l'enseignant de ne pas s'arrêter à l'écrit pour préconiser un redoublement. L'essentiel est de s'assurer que l'enfant a bien acquis les connaissances minima pour passer dans la classe supérieure et de ne pas se baser pour l'apprécier sur les productions demandées aux autres enfants. Cela demande de la part de l'enseignant un minimum d'intérêt pour ses élèves.

Je me souviens très clairement qu'en maternelle (moyens) alors que mon fils connaissait déjà ses chiffres et ses lettres, l'enseignante ne s'en était même pas rendue compte. Elle persistait à dire qu'il ne produisait rien sans réaliser qu'il savait déjà pas mal de choses pour son âge. Elle était également incapable d'admettre qu'il était intelligent. C'est souvent à ce type d'enseignant que l'on se heurte lorsque le redoublement est préconisé dès l'âge de la maternelle.

Dans la plupart des cas, la réponse à la question du redoublement devra être négative.

Pourquoi ? parce que le redoublement ne changera rien à la persistance du déficit attentionnel et des difficultés associées. Il ne faut pas qu'on en déduise pour autant qu'il faille exclure un enfant hyperactif de l'enseignement normal. Mon avis est que pour ce type d'enfant, une classe spéciale est rarement à recommander.

L'enfant hyperactif a besoin de repères et pour sa socialisation il est essentiel qu'il les prenne progressivement auprès des enfants ordinaires qui seront les adultes avec lesquels il sera appelé à vivre. Difficile d'attendre d'un adulte tdah qu'il ait des compétences sociales s'il a été écarté jeune du milieu ordinaire.

Les enseignants n'ont pas conscience que les enfants hyperactifs sont bien plus proches des gens normaux qu'ils ne l'imaginent : leur comportement agité et impulsif particulièrement pendant le premier âge, les renvoient à des images sévères de la maladie mentale qui ne sont pas adaptées aux enfants hyperactifs. Je n'ai jamais autant entendu parler pour ma part de sa violence supposée et force est de constater qu'il n'a pas provoqué de fracture chez ses camarades. Par contre j'ai été appelée plusieurs fois à consulter des spécialistes dont une fois pour une fracture d'un doigt à la suite d'un coup de pied que lui a asséné un de ses camarades. N'empêche qu'on m'a régulièrement "envoyé" à la figure sa supposée dangerosité. C'est surtout le caractère imprévisible de ses réactions qui inquiétait car bien entendu les enseignants avaient bien plus de mal que moi à les anticiper. J'ai constaté qu'il fallait en moyenne presque un an à un enseignant pour avoir une compréhension correcte du fonctionnement de mon fils. Or, il a changé d'enseignant tous les ans....

 

Ce qui doit être argumenté face à l'inspection d'accadémie tout particulièrement en primaire.

- le redoublement ne lui permettra pas de combler son retard mais aura pour effet de le démotiver et de faire dégringoler son "estime de soi" laquelle est indispensable à la poursuite de sa scolarité.

- le déficit attentionnel perdurera toute sa vie mais connaîtra une amélioration dans plusieurs années soit au début soit à la fin de son adolescence. Il faut donc lui permettre de rester avec des enfants de sa classe d'âge si l'on veut qu'il continue à progresser.

- l'enfant n'en n'est qu'au début du traitement et de ses rééducations, et il faut leur donner la chance de réussir, il faut plusieurs mois avant qu'on en perçoive les effets.

- il faut faire la différence entre ses résultats aux contrôles académiques et ses connaissances réélles. Certains enseignants perçoivent en effet très bien que les connaissances de l'enfant sont largement supérieures à sa production. Il faut argumenter sur son niveau de connaissances en faisant valoir que sa production sera pendant longtemps inférieure à ses capacités.

- il faut aussi leur expliquer qu'un enfant qui a des connaissances qu'il ne peut valoriser sera en capacité de le faire dès que les effets péjoratifs de son syndrome diminueront sous l'effet cumulé de l'âge et des rééducations.

Quand l'enfant n'a apparemment pas acquis les connaissances requises à son âge... il conviendra encore de refuser le redoublement surtout s'il est jeune et de mettre en place des dispositifs compensatoires à votre niveau.

Règle d'or du parent d'enfant TDA/H : ne pas s'en remettre à l'école pour l'acquisition des bases en lecture et calcul. Ne partez surtout pas du principe que l'enseignant est mieux placé que vous car c'est faux. Un travail personnalisé à la maison sera bien plus productif qu'un travail en groupe dans le cadre scolaire.

Ainsi lorsque vous constatez en maternelle et en CP que "rien ne rentre", occupez-vous en. Si l'enseignant refuse de vous aider à le faire ( ce qui peut parfaitement arriver), passez-vous de son avis. Il existe dans le commerce nombre d'ouvrages qui expliquent les acquis indispensables à chaque classe d'âge, des cd-rom éducatifs extrèmement bien faits et ce dès la maternelle. Il n'y a pas à hésiter ! Ainsi même s'il ne sera pas en mesure de faire le travail dans les règles académiques, vous saurez que les connaissances indispensables sont acquises et vous pourrez sans crainte refuser le redoublement.

Sachez que vous en avez parfaitement la possibilité et ne vous laissez surtout pas impressionner. Maintenez envers et contre tous votre position. Vous serez souvent seul avec le médecin spécialiste à avoir cette opinion, il faut en être conscient. C'est votre détermination qui emportera la décision et rien d'autre. Vous obligerez les différents professionnels concernés à commencer par le médecin de santé scolaire à s'informer sur le tdah car le plus souvent il a tout à apprendre. Vous l'inciterez à prendre contact avec le médecin traitant et avec tous les professionnels qui suivent l'enfant susceptibles d'appuyer votre démarche.

- lorsque le traitement n'est pas encore donné ou lorsqu'il ne l'est que sur une partie de la journée, faites valoir que la prescription ou l'augmentation de celle-ci va améliorer les choses mais qu'il faut là aussi laisser le temps au spécialiste de se faire son idée. Faites valoir aux enseignants - s'il ne prend le traitement que le matin - qu'un bref compte-rendu de leur part analysant la situation avant et après est susceptible d'aider le prescripteur à ajuster le dosage du traitement etc.

A ce sujet, une expérience du parent que je suis : mon fils prenait au départ un comprimé le matin et 1/2 à déjeuner. Or depuis le départ j'avais constaté que son hyperactivité est nettement plus importante l'après-midi que le matin. Pour que le médecin accepte d'augmenter la dose l'après-midi, il a fallu que l'enseignante fasse valoir que c'était infernal l'après-midi, alors que mon fils était parfaitement gérable le matin et qu'elle prévienne que faute d'amélioration, elle allait demander la réunion de l'équipe éducative. Le médecin a lu son message et n'a plus hésité à augmenter la prescription.

La prudence est régulièrement préconisée au médecin mais la conséquence est que parfois le dosage est insuffisant. Dans ce cas pour l'école, il n'y a pas d'autre solution que de proposer des mesures comme la scolarisation à mi-temps ou le redoublement.

Ainsi vous l'avez compris, le plus difficile c'est la période du bilan ou le début de la prescription. Il faut faire patienter les enseignants qui ne voient pas d'amélioration dans leur pratique quotidienne. Et bien entendu, les solutions qu'ils préconisent sont rarement adaptées à nos enfants.

Ici je voudrais introduire une précision indispensable : souvent notre tdah est aussi dyslexique. Dans ce cas la difficulté des apprentissages est majorée. Là encore tout est question d'appréciation. J'aurais tendance à penser que plus que le redoublement, il convient plutôt d'augmenter le nombre de séances d'orthophonie et de demander la mise en place d'un PAI (ce qui permet de faire les rééducations sur le temps scolaire). S'attacher alors essentiellement au français et aux math en délaissant les autres matières dont l'apprentissage pourra se faire plus tard.

Pour conclure, je dirais qu'il faut surtout que les parents aient confiance dans les compétences de leur enfant. Ses difficultés font souvent introduire le doute dans leur esprit. Il est alors bon de s'appuyer sur les situations de la vie courante pour s'en faire une idée en sélectionnant celles qui ne mettent pas en cause ses difficultés spécifiques. Ainsi je me souviens de mon incompréhension lorsque j'ai essayé de lui apprendre à s'habiller et je me demandais pourquoi il paraissait hermétique à mes explications : tout simplement parce que cela mettait en cause des compétences en matière d'attention et de coordination des mouvements qu'il était loin d'avoir acquises. Il a mis très longtemps à apprendre à se servir d'une balançoire, à monter sur un vélo et il a encore beaucoup de mal avec le crawl .

Pour en savoir plus voir voir sur carla7

Le PAI ou projet d'accueil individualisé les procédures d'orientation de l'éducation nationale

 

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